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un grand rôle dans les informations de Mahomet sur le christianisme. Mais il faut déplacer complètement les âges, les lieux, les conditions : il ne s’agit plus d’un voyage de l’adolescent en Syrie, il s’agit du séjour de l’homme fait à la Mecque ; il ne s’agit plus d’un moine nestorien, il s’agit d’un judéo-chrétien nazaréen ou rahmaniste, c’est-à-dire enseignant la doctrine du dieu de miséricorde, peut-être devenu ensuite le chef de la secte des hanyfes, canal plus ou moins conscient de traditions chrétiennes altérées et mélangées.[1]

Toutefois il faut bien dire que ce Bahira fut le principal, mais non l’unique canal par lequel Mahomet reçut des notions sur le christianisme. Ses voyages de négociant du côté de la Syrie ; les discours de Koss, évêque de Nadjran qu’il entendit prêcher l’unité de Dieu et la résurrection des morts à la foire d’Okâz ; son ami Waraka, qui finit par devenir chrétien et même, a-t-on dit, par traduire une partie de l’Évangile ; des rahmanistes autre que Bahira, et les chrétiens avec lesquels il s’est trouvé en discussion : autant d’éléments qui ont pu modifier ses notions comme aussi se sont modifiées ainsi que nous le verrons dans le chapitre IV, et sa manière de voir au sujet des croyances chrétiennes, et ses relations avec les chrétiens.

À prendre le Coran dans son ensemble, au point de vue de la christologie, quelle était la substance des informations dont nous venons de voir la méthode ? Évidemment ce que nous pouvons supposer d’après tout ce qui précède, et ce que montrera d’ailleurs le chapitre suivant :

  1. V. outre Sprenger T. II, ch. XI–XIII, l’article Coran de M. Stanislas Guyard dans l’Encyclopédie Lichtenberger. L’article Mahomet n’a pas encore paru.