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les cas par le texte de l’Écriture Sainte, de quelle nature était-elle, et comment est-elle arrivée à Mahomet ?

Une tradition répétée avec persévérance par les écrivains chrétiens et musulmans place un religieux, probablement nestorien, au début de cette initiation. Aboulféda dit dans sa vie du Prophète : « Abou-Taleb alla jusqu’à Bosra accompagné de son neveu âgé alors de treize ans. Là se trouvait un moine appelé Bohaïra, qui dit à Abou-Taleb : « retournez avec cet enfant, et gardez-le des Juifs, car de hautes destinées sont promises au fils de votre frère ».[1] Maçoudi, célèbre géographe arabe du dixième siècle, dit que Bohaïra le moine était un chrétien zélé, dont le nom dans les livres des chrétiens est Sergius.[2] L’imagination des critiques du dix-huitième siècle, Gagnier, Prideaux etc. s’est emparée de ce Sergius, assimilé au personnage de ce nom dont parle Vincent de Beauvais, l’encyclopédiste dominicain du moyen-âge, et Pastoret a pu dire « qu’il n’est pas d’erreur qu’on n’ait débitée à ce sujet ».[3] Aujourd’hui, après les travaux de Sprenger, on peut faire le partage du vrai et du faux que renferme cette tradition. Il est vrai qu’un certain Bohaïra, ou mieux Bahira, fut comme le « Mentor » religieux de Mahomet ; il est vrai que les idées nestoriennes, et surtout les accusations nestoriennes contre la dogmatique officielle de l’Empire ont joué

  1. Vie de Mahomet, texte arabe d’Aboulféda avec traduction par Noël des Vergers, Paris 1837, p. 9. — Euthymius (XIe siècle) dit à propos des voyages en Palestine : Incidit in Hebraeos, deinde et in Arianos tandem etiam in Nestorianos. (Moamethica, dans le T. II de la Bibl. veterum Patrum, Paris 1624, fol.)
  2. Les Prairies d’Or, trad. Pavet de Courteille et Barbier de Meynard, Paris 1861, Tome I, p. 146.
  3. Zoroastre, Confucius et Mahomet par M. de Pastoret, Paris 1787, p. 208.