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du Nord était l’un des refuges des sectaires vaincus, exaltés et aigris. Les plus importants par le nombre et par l’influence étaient certainement les Nestoriens[1], qui de là faisaient pénétrer leurs idées dans le reste de l’Arabie : idées qui du reste n’offraient pas un corps de doctrine uniforme, car il y a eu, aux différentes époques du Nestorianisme, les Nestoriens modérés[2] qui se bornaient à séparer rigoureusement la nature humaine de la nature divine en Jésus-Christ et à repousser le titre de Θεοτόϰος donné à la Vierge Marie par le concile d’Éphèse ; et les Nestoriens décidés qui allaient jusqu’à dire que Jésus était né sans rien de divin et que ses seules vertus lui avaient valu plus tard une union toute morale avec le Verbe. N’importe, les idées nestoriennes flottaient pour ainsi dire en Arabie, remplies d’amertume et d’accusations contre l’orthodoxie officielle, et il était presque impossible qu’un Arabe, païen de naissance, ne fût pas sous le coup des impressions nestoriennes le jour où il voudrait se rendre compte du christianisme : c’est ce qui est arrivé à Mahomet. D’ailleurs les Nestoriens étaient les plus répandus et les plus actifs des hommes, leurs missionnaires reculaient les limites du monde connu, et leurs écoles prenaient possession des esprits dans tous les pays qui les accueillaient, tels que le royaume des Perses, comme plus tard leurs médecins

  1. V. sur les Nestoriens, sur leurs œuvres et sur leur immense diffusion dans les pays orientaux, la Bibliotheca orientalis d’Assemanni, Rome 1728 in fol. T. III, Pars Secunda, surtout p. 87 et s. et sur leurs écoles p. 934 et s. Cette immense compilation est du reste utile à consulter sur les diverses sectes de cette époque.
  2. Tendance à laquelle se rattachait précisément l’Évangile arabe de l’enfance. V. sur cette distinction Michel Nicolas, Études sur les évangiles apocryphes, Paris 1866, p. 349.