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Instrumens de l’industrie. Ils sont ou non des propriétés.

Les instrumens appropriés sont, ou des instrumens naturels, comme les terres cultivables, les mines, les cours d’eau, etc., qui sont devenus des propriétés ; ou bien ce sont des capitaux.

Les instrumens non appropriés, sont des matières ou des forces résultantes des lois de la nature, qui se trouvent être à la disposition de quiconque veut s’en servir, et qui, entre les mains de l’industrie, concourent à la formation des produits. Tels sont la mer qui porte nos navires, le vent qui les pousse, l’élasticité de l’air, la chaleur du soleil, beaucoup de lois du monde physique, parmi lesquelles on peut citer la gravitation qui fait descendre les poids d’une horloge, la chaleur qui se dégage par la combustion, le magnétisme qui dirige l’aiguille d’une boussole, etc.

Les instrumens appropriés ne livrent pas gratuitement leur concours ; il faut le payer à leurs propriétaires sous le nom de loyer des terres, intérêt des capitaux.

Les instrumens non appropriés, au contraire, livrant gratuitement leur concours, la portion de production qui leur est due est un profit pour les nations, profit qui tourne à l’avantage des producteurs lorsqu’ils réussissent à faire payer une utilité qui ne leur coûte rien, et à l’avantage des consommateurs lorsque la concurrence oblige les producteurs à ne pas faire payer cette utilité[1].

  1. On peut objecter ici que l’entrepreneur d’industrie ne peut tirer parti d’une force naturelle, comme de la pesanteur de l’atmosphère, sans employer une machine, comme une machine à vapeur, dont le concours n’est pas gratuit ; aussi ne faut.il reconnaître comme service gratuit que l’utilité produite par la machine au-delà de celle que pourraient acheter les frais qu’elle occasionne.