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Quelque précieux que soit cet accroissement du capital national, il ne faut cependant pas se le représenter plus grand qu'il n’est réellement. J’ai supposé, pour simplifier, que les deux tiers du numéraire d’un pays pouvaient être remplacé par des billets de confiance ; mais cette proportion est énorme, surtout si l'on considère que des billets ne conservent leur valeur de monnaie, que lorsqu'on peut sans peine les échanger, à chaque instant, contre de la monnaie. Je dis sans peine, à chaque instant, car autrement on préfèrerait de la monnaie, puisque celle-ci a, sans qu'on se donne aucune peine pour cela, et à tous les instans, valeur de monnaie. Or ces conditions supposent, non-seulement qu’il y a toujours en caisse des valeurs, en effets ou en argent, suffisantes pour acquitter tous les billets qui peuvent se présenter, mais que la caisse est à portée du porteur de billets. Or dans un pays un peu vaste, et où les billets seraient répandus au point de former les deux tiers de la monnaie nécessaire aux transactions, il faudrait bien des caisses pour que chaque porteur de billets en trouvât toujours une à sa portée.

Néanmoins supposons la chose possible ;