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est devenue éminemment commerçante. « La violence et l’injustice des conducteurs du genre humain, dit Smith[1], est un mal ancien contre lequel je crains bien qu’il n’y ait point de remède ; mais la capricieuse ambition des rois et des ministres n’a pas été, durant le dernier siècle et celui-ci, plus fatale au repos de l’Europe que l’impertinente jalousie des marchands ». Or, si toute une nation se compose de marchands, comment s’élèvera-t-elle à ces idées libérales qui seules peuvent améliorer le sort du genre humain ?

Supposons un moment que chacune des communes, petites et grandes, qui composent la France, loin de chercher à multiplier leurs communications, et à étendre leurs relations entre elles, entourât son territoire d’une clôture, et, dans la vue de favoriser le débit de ses propres denrées, empêchât l’introduction des denrées des communes voisines, ou du moins y mît de grandes entraves ; ces communes en seraient-elles plus heureuses, plus riches et mieux pourvues ? Loin de-là, dira-t-on. Eh bien ! ces lignes de places fortes, ces douanes, ces commis qui garnissent les frontières des États, ont le même inconvénient pour tous et pour chacun. Sous prétexte d’enfermer en dedans l’argent, on ferme en dehors l’abondance. Le jour où l’on

  1. Richesse des Nations.