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éclater aux yeux des personnes éclairées, d’abord, et ensuite de tout le monde. Alors les esprits façonnés dès l’enfance à regarder comme une même chose la croyance et la morale, jugent que cette dernière est vaine comme l’autre, et le mépris qu’on ressent pour le dogme, fait mépriser les préceptes quelquefois très-louables, dont il était accompagné. C’est peut-être à cette cause qu’on doit attribuer en partie les excès dont la populace de quelques-unes de nos villes s’est souillée à différentes époques depuis la révolution ; elle n’avait point d’autre morale que celle des curés : le choc des événemens politiques devait tôt ou tard renverser les curés ; mais ce renversement n’aurait point ébranlé la moralité du peuple, s’il avait eu la véritable moralité : celle qui est dans le cœur et dans les habitudes.

Ensuite, et c’est une chose très-remarquable, les livres sacrés, dans presque toutes les religions, sont d’une immoralité révoltante. Platon, dans sa République, ne veut point qu’on entretienne les jeunes gens de la théogonie des Grecs, renfermée dans les livres saints de ces temps-là. Il pense que ces livres offrent des exemples de dissention entre les hommes, de vengeance de la part des dieux, et en général, de mauvais modèles appuyés sur de grandes autorités. Il ajoute que c’est un malheur insigne que de s’accoutumer de bonne heure à ne trouver