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temps a été plus fécond en crimes qu’aucun autre, et la découverte d’un nouveau monde n’a servi qu’à étendre plus loin les calamités du genre Inhumain et la barbarie des disciples du doux Jésus. « Les ossemens de cinq millions d’hommes, est» il dit dans un des meilleurs ouvrages de ce siècle, ont couvert ces terres infortunées où les Portugais et les Espagnols portèrent leur avarice, leurs superstitions et leurs fureurs. Ils déposeront, jusqu’à la fin des siècles, contre cette doctrine de l’utilité politique des religions, qui trouve encore parmi nous des apologistes[1] ».

Je n’ai point dit que les religions aient occasionné tous les maux qui ont marché à leur suite. Le défaut de lumières et de bonnes institutions, dont elles-mêmes n’étaient que les conséquences, a sans doute été la cause principale de cette grande détérioration des mœurs ; ce qu’il y a d’évident, c’est qu’elles ne l’ont pas empêchée.

Les avantages présens, ou du moins très-prochains et évidens, sont les seuls qui fassent impression sur l’esprit de l’homme ; par la même raison, les maux sensibles et prochains aussi, sont les seuls qu’il redoute véritablement. L’effet des uns et des autres ressemble à l’explosion de

  1. Tableau historique des progrès de l’Esprit humain, par Condorcet.