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tans, qui sont sans comparaison les plus religieux de la terre, en sont, quoi qu’en disent leurs partisans, les plus immoraux. Tous les vices d’Europe se retrouvent parmi eux ; ils se livrent à des sensualités barbares, qui font frémir : leur manière de faire la guerre est inhumaine ; les traités n’ont, chez eux, de garans que l’intérêt personnel. Un pacha manque de fidélité envers le sultan, et le sultan manque de parole au pacha, du moment qu’ils croient pouvoir le faire impunément. L’argent fait tout chez ces peuples ; la vertu rien.

Il y a plus : les religions n’excluent pas les vices et les crimes auxquels elles paraissent plus particulièrement opposées. Quelle secte a eu un fondateur et des principes plus doux que la religion chrétienne ? C’est la seule qui ait érigé l’humilité en vertu. L’oubli des injures, le pardon des offenses sont mis par elle au rang des premiers devoirs. Si l’on vous donne un soufflet sur une joue, a dit son auteur, tendez l'autre aussitôt. Les sectaires de cette religion étaient imbus de ces maximes dès l’enfance : on les menaçait de tourmens éternels, s’ils ne les mettaient en pratique : cependant quelle secte offre plus d’exemples d’intolérance et de férocité ? laquelle a eu des ministres plus arrogans dans le pouvoir, plus implacables dans les vengeances ? Le temps où cette religion a brillé de tout son éclat, c’est-à-dire depuis Constantin jusqu’à Louis xiv, ce