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Au joug usurpateur semblait partout s’offrir,
Et méritait sa honte en daignant la souffrir.
Des esclaves sans peine on fait des fanatiques.
Il fallut qu’à l’amas des erreurs politiques
Vînt s’unir et peser sur l’univers tremblant,
Des mensonges sacrés l’amas plus accablant, etc.

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Que de Rome à la Chine élevant leurs autels,
Mille et mille jongleurs, des crédules mortels
Berçant jusqu’au tombeau l’interminable enfance,
Régnant là par la crainte, et là par l’espérance,
Du pouvoir absolu tantôt valets soumis,
Tantôt guides adroits, tantôt fiers ennemis,
Sur le malheur constant de tout ce qui respire
Parvinssent à fonder leur sacrilège empire.
Dans ce mélange impur de fables et d’horreurs,
Quelles sont à vos yeux les utiles erreurs ?
Toutes, répondez-vous, si, du peuple adorées,
Elles restent pour lui des vérités sacrées ;
Si le moindre examen lui semble criminel ;
Si, dans ce noir chaos, il voit l’ordre éternel,
Des immuables lois l’enchaînement suprême,
Ce qui fait l’univers, ce qu’a voulu Dieu même.


À cet argument banal, l’auteur répond victorieusement que ce que Dieu a voulu, c’est que nous fissions usage de ses dons, et surtout du plus beau de tous, de la raison qu’il nous a donnée pour nous conduire. La, si un discours en vers lui avait permis les développemens qu’admet une si riche matière, il aurait sans doute ajouté que c’est précisément pour ne vouloir pas suivre ce flambeau que les sociétés