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tus sociales : le casuiste, la réduisant en préceptes, a déclaré qu’on péchait en révélant les fautes de son prochain ; il a dès-lors empêché d’exprimer le juste jugement qui doit discerner la vertu du vice ; il a imposé silence à la vérité. En accoutumant ainsi à ce que les mots n’exprimassent point la pensée, il n’a fait que redoubler la secrète méfiance de chaque homme à l’égard de tous les autres.

« La charité est la vertu par excellence de l’Évangile ; mais le casuiste a enseigné à faire l’aumône pour le bien de son ame, et non pour soulager son semblable. Il a mis en usage les aumônes sans discernement qui ont encouragé le vice et la fainéantise. Enfin, il a détourné en faveur du moine mendiant le fonds principal de la charité publique.

« La sobriété, la continence, sont des vertus domestiques qui conservent les facultés des hommes et assurent la paix des familles : le casuiste a mis à la place les maigres, les jeûnes, les vigiles, les voux de virginité ; et à côté de ces vertus monacales, la gourmandise et l’impudicité peuvent prendre racine dans les cours, pourvu qu’on soit fidèle aux pratiques par le moyen desquelles on s’en lave.

« La modestie est la plus aimable des qualités de l’homme supérieur ; elle n’exclut point