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peut éprouver une de ces terreurs qui ne sont pas étrangères aux cours les plus dépravés ; il fait une bonne confession, une bonne communion, une bonne mort, et il est assuré du paradis.

« Ainsi la morale tout entière a été subvertie ; les lumières naturelles, celles de la raison et de la conscience, ont été contredites par les décisions des théologiens… Aussi le meurtrier, encore couvert du sang qu’il vient de verser, fait maigre avec dévotion, tout en méditant un nouvel assassinat. La prostituée place auprès de sa couche une image de la Vierge, devant laquelle il lui suffit de dire son rosaire pour être pure de tout péché. Le prêtre, convaincu d’avoir fait un faux serment, ne s’oubliera jamais jusqu’à boire un verre d’eau avant la messe. Car, plus chaque homme vicieux a été régulier à observer les commandemens de l’Église, plus il se sent dans son cœur dispensé de l’observation de cette morale céleste, à laquelle il faudrait sacrifier ses penchans dépravés.

« La morale proprement dite n’a cependant jamais cessé d’être l’objet des prédications de l’Église ; mais l’intérêt sacerdotal a corrompu dans l’Italie moderne tout ce qu’il a touché.

« La bienveillance est le fondement des ver-