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« J’aime, dit-elle, cet hommage éclatant rendu par les hommes à ce qui ne leur proie met ni la fortune, ni la puissance. J’y reconnais quelque chose de désintéressé, et dût-on multiplier trop les magnificences religieuses, j’aime cette prodigalité des richesses terrestres pour une autre vie ; du temps pour l’éternité. Assez de soins se prennent pour l’économie des affaires humaines. Oh ! que j’aime l’inutile ! l’inutile, si l’existence n’est qu’un travail pénible pour un misérable gain. Mais si nous sommes sur cette terre en marche vers le ciel, qu’y a-t-il de mieux à faire que d’élever assez notre âme pour qu’elle sente l’infini ? »

(Corine, tom. i, pag. 397.)


Voilà le passage de madame de Staël, et ce n’est point une boutade. Beaucoup d’autres endroits de ses ouvrages, et je vous en ai déjà cité, montrent jusqu’où va sa tendresse pour l’inutile. Si toutes ces belles cérémonies n’étaient qu’inutiles, c’est-à-dire si elles n’avaient pas d’autre effet que d’émouvoir les spectateurs, j’en prendrais peut-être mon parti, et je pourrais croire que ce mélodrame en vaut un autre, quoiqu’on puisse le trouver un peu cher ; mais il n’en est pas du tout ainsi, et