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pour le donner aux autres, c’est déplacer l'utilité ; ce n’est pas se la proposer pour but, pour résultat. C’est en ce dernier sens qu’il faut entendre le principe de l’utilité.

On peut élever de petits scrupules, de petites difficultés verbales contre ce principe ; mais il n’est pas possible de lui opposer aucune objection solide. Comment pourrait-on le combattre ? Si l’on dit qu’il est dangereux, c’est comme si l'on disait qu’il est contraire à l’utilité de consulter l'utilité, qu’il est dangereux de chercher comment on peut éviter le danger.

Ce n’est que par un paralogisme, un abus du langage, qu’on représente la vertu comme étant en opposition avec Futilité. On dit : La vertu est le sacrifice de nos intérêts à nos devoirs ; mais à quoi se réduisent en dernière analyse nos devoirs ? à l’observation de ce qui est juste. Or, l’observation de la justice est dans nos intérêts. Serions-nous donc plus heureux quand nous pourrions, même impunément, être injustes, c’est-à-dire nous mettre en état d’hostilité avec la société tout entière !

Et si par ce mot devoirs on entend nos obligations envers nous-mêmes, que serait une obligation qui consisterait à sacrifier sans motif notre plus grand bien ? Car s’il y a un motif, s’il y a quelque avantage au sacrifice, alors il