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d’un maître ; celui-là soutient celle d’un autre. Un troisième se rend l’interprète d’une autorité respectable qui ne vous laisse pas même la permission de discuter ce qui est bien et ce qui est mal. Vous ne vous accordez pas entre vous, dit ce dernier ; vous êtes dans le doute ; moi seul je puis vous en tirer.

Tous ces systèmes ne sont au fond que le principe arbitraire masqué sous différentes formes de langage, revêtu d’un costume plus ou moins antique et imposant. Dans tous ces cas, c’est une opinion qu’on veut faire triompher sans être obligé de l’appuyer par de bonnes raisons. Ces prétendus principes servent de prétexte au despotisme, du moins à ce despotisme en disposition, qui n’a que trop de pente à se développer en pratique du moment que ceux qui l’ont dans le cœur arrivent au pouvoir.

C’est là qu’il faut chercher la cause des sympathies et des antipathies, de l’esprit de parti, des persécutions en tout genre. Ce n’est pas que l’antipathie ne puisse fréquemment se trouver unie avec le principe de l’utilité. Quand par ressentiment on traduit un malfaiteur devant les tribunaux, on fait sans doute un acte utile ; mais le motif est dangereux : ce n’est pas une bonne base d’action. Si de tels motifs