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ses dépenses ; il croyait favoriser les manufactures en excitant ses courtisans au faste et à la dissipation ; il s’imaginait favoriser la multiplication des hommes, en décimant la population[1].

Lorsque ses fautes ont eu consommé sa chute, il a cherché, sous le nom de ses secrétaires, à justifier son système ; mais l’examen de son système n’en justifie pas l’auteur, et sert à expliquer les désastres qui en ont été les résultats. Il suffit de lire le Mémorial de Sainte-Hélène, par Las Cases[2].

« Je n’ai garde, disait l’empereur, de tomber dans la faute des hommes à systèmes modernes, de me croire par moi seul la sagesse des nations. »

Quel homme plus que Bonaparte s’est jamais cru au-dessus de la sagesse des nations ? N’est-ce pas lui, plus que tout autre personnage historique, qui a mis son inflexible volonté à la place de la volonté des autres ? Or, cette vo-

  1. Voyez les discours qu’il faisait tenir par Fontanes an Sénat lorsqu’il proposait les levées de conscrits. J’ai moi-même entendu Napoléon tenir le même langage. Il ne comprend pas qu’un conscrit remplacé par un marmot, en même temps qu’il présentait un même nombre d’hommes, laissait un capital de moins.
  2. Tom. iv, pag. 331 et suiv.