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et la santé. L’empereur Napoléon s’imaginait que la force brutale gouvernait le monde : il ne se fiait qu’à elle seule ; et il a vu ainsi s’évanouir entre ses mains les alliances, l’agriculture, le commerce, le territoire même de la France, lorsqu’il dépendait de lui de tirer parti de ces avantages, de les accroître et d’être le prince le plus puissant du pays le plus prospère du monde : tellement que ce pays déchu par sa faute a joui, sous ses imbéciles successeurs, d’une prospérité bien supérieure à celle qu’elle avait connue sous son règne. Elle en a joui par le seul effet de la paix et d’un gouvernement trop faible pour être oppressif ; l’industrie a fait des progrès, les arts, le commerce, la population, ont pris de grands développemens. Napoléon pouvait recueillir le fruit de tous ces avantages et de beaucoup d’autres. Il pouvait devenir grand et puissant ; il donnait son nom à son siècle, sans sortir de sa maison de campagne.

Il suffit de connaître les idées peu justes qu’il avait en économie politique, pour comprendre pourquoi tout cela n’a pas eu lieu. Persuadé que le numéraire est la principale richesse d’un pays, il ne croyait pas appauvrir le sien en enlevant à la population des sommes qu’il devait reverser dans la circulation par