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puisse prendre de son espèce, il ne la rendra jamais plus abondante en un lieu, que pour la détruire ou la diminuer dans un autre. Lorsqu’une portion de la terre est surchargée d’hommes, ils se dispersent, ils se répandent, ils se détruisent ; et il s’établit en même temps des lois et des usages qui souvent ne préviennent que trop cet excès de multiplication[1]. »

Quand on admettrait la réalité de cet équilibre des causes physiques, comment les circonstances morales ne peuvent-elles le rompre ? Une province bien cultivée, sous une administration sage, ne produit-elle pas plus de blé que sous un pacha despotique ? Et n’en résulte-t-il pas une population plus nombreuse ? Est-il vrai que la race des hommes ne devient pas plus nombreuse dans un lieu sans diminuer dans un autre ? Les millions qu’a enfantés l’Amérique ont-ils dépeuplé l’Europe ? Avouons-le, ces assertions, dépourvues de vérité, sont des ombres qui déparent un bel ouvrage.

Si la poésie, si l’histoire naturelle sont susceptibles de recevoir de nouveaux attraits

  1. Buffon, sur les animaux carnassiers.