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une fois que tout esprit juste et diligent peut se convaincre qu’une certaine assertion n’est qu’un préjugé sans fondement, ou que tel fait inexplicable jusqu’à lui est désormais complètement éclairci, nul auteur jaloux de parler à la postérité ne peut plus, sans se compromettre, consigner dans ses écrits des preuves de son ignorance ou de la fausseté de ses jugemens. Dans le siècle qui suivra le nôtre, il ne sera pas moins honteux pour un publiciste de s’appuyer sur le système de la balance du commerce, qu’il ne serait honteux pour un physicien de nos jours de s’étayer des tourbillons de Descartes.

Et qu’on ne s’imagine pas que l’on puisse impunément se montrer ignorant sur des faits étrangers au sujet qu’on traite. Quoiqu’un auteur dramatique ne soit pas absolument oblige de savoir l’astronomie, on s’est beaucoup égayé de notre temps aux dépens d’un héros de tragédie qui disait :

Et du pôle brûlant jusqu’au pôle glacé…

Un auteur russe[1], faisant le portrait d’une héroïne de roman, et désirant donner une

  1. Karemsine, dans sa Julia.