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pas porter à la postérité des témoignages de leur ignorance.

Quel motif n’est-ce pas pour les écrivains dont les ouvrages doivent durer long-temps de n’y consigner aucune erreur dont l’avenir puisse leur demander compte, et dont, même de leur temps, on pouvait se garantir ? J’ai eu plusieurs fois des occasions de remarquer que Voltaire et Montesquieu s’étaient gravement mépris dans des questions d’économie politique ; j’aurais pu cent fois relever de semblables erreurs. Je ne l’ai pas fait, non de peur d’être accusé d’une jalousie ou d’une malveillance qui auraient été bien ridicules de ma part, mais parce qu’il ne fallait pas employer à des controverses les pages que je voulais consacrer a l’instruction. Le petit nombre d’erreurs que j’ai relevées dans les grands écrivains, avaient pour objet de rectifier des illusions dangereuses et encore subsistantes, ou bien de rendre plus claires des démonstrations fondées sur une analyse exacte, c’est-à-dire une description fidèle de la nature même de chaque chose, qui seule a signalé les fautes de ces grands hommes. Le tort qu’ils ont eu n’est pas de s’être trompés, mais d’avoir donné comme des vérités ce qu’ils étaient hors d’état de démontrer.

Lorsqu’une fois cette démonstration existe,