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rielle qui vient de la difficulté de mesurer l’utilité des services, est plus forte encore si on l’oppose à M. Storch et à l’auteur de l’article qui a été mis sur la cinquième édition de votre ouvrage, dans la Revue encyclopédique.

M. Storch dit nettement : « Le revenu d’une nation ne s’apprécie pas, comme le revenu d’un individu, d’après sa valeur, mais d’après son utilité, ou d’après les besoins qu’il peut satisfaire. » La Revue appuie beaucoup sur l’utilité et la richesse des qualités morales qui peuvent résulter des services personnels et de ceux du gouvernement. Mais comment faire une évaluation quelconque de cette espèce d’utilité et de richesse ?

Si les besoins d’une société avaient pour objet principalement les qualités morales et intellectuelles, et fort peu les produits matériels, jamais elle ne passerait pour riche. Sans mettre en doute les avantages que procurent un bon gouvernement et des qualités morales, même pour la production d’une richesse matérielle, on est obligé d’avouer qu’une nation peut être morale et bien gouvernée et cependant pauvre. Une bonne instruction, une bonne morale et un bon gouvernement valent mieux que la richesse, mais ne sont pas de la richesse, suivant la commune acception de ce mot. Et