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mense, funeste, et digne de la plus sérieuse attention.

S’il arrivait qu’auprès de chaque entreprise de commerce, de manufacture ou d’agriculture, un homme, un préposé du fisc, vînt à s’établir ; et que cet homme, sans rien ajouter au mérite du produit, à son utilité, à la qualité qui fait qu’on le désire et qu’on l’achète, ajoutât néanmoins à ses frais de production, qu’en résulterait-il, je vous le demande ? Le prix qu’on met à un produit, même lorsqu’on a les moyens de l’acquérir[1], dépend de la jouissance qu’on en

  1. Les moyens qu’on a d’acquérir sont les profits que chacun tire de son industrie, de ses capitaux et de ses terres. Les consommateurs qui n’ont ni industrie, ni capitaux, ni terres, dépensent ce qu’ils prélèvent sur les profits des premiers. Dans tous les cas chacun a un revenu qui a des bornes ; et, quoique les personnes qui ont un fort gros revenu puissent sacrifier beaucoup d’argent pour de fort minces jouissances, néanmoins on conçoit que, plus la jouissance est chère, et moins on y tient.