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tout servir de prétexte à des interventions gouvernementales. Sous prétexte de corriger des imperfections, on ne pourrait, en effet, que jeter le trouble là où règne un ordre naturel, et chaque erreur commise provoquerait des crises violentes, en même temps qu’une tutelle intempestive énerverait Faction des individus.

. Classification des diverses industries, Le rôle de chacune d’elles. Si toutes sont productives ? S’il est à peu près impossible de pénétrer à la fois dans tous les détails de l’organisation industrielle dont nous venons d’essayer de donner ridée, il est du moins aisé d’y constater des affinités, de distinguer des groupements et d’établir une classification. L’industrie, comme le dit la langue usuelle, contient en elle un certain nombre d’industries différentes qui, constituant un même tout, se différencient cependant les unes des autres par le but spécial qu’elles poursuivent. Les classer nettement est le seul moyen de sortir du vague et d* obtenir une vue d’ensemble du mouvement général auquel elles participent.

Ce n’est pas sans peine que les économistes sont arrivés à établir la classification des industries. Pendant longtemps .l’anarchie régna dans ce coin de la science, chacun opérant, à sa guise, un classement que les autres n’acceptaient pas. Les plus illustres, parmi les anciens maîtres de l’économie politique n’ont pu, à cet égard faire prévaloir leurs idées. J.-B. Say, qui a tant fait pour introduire l’ordre dans les études économiques et dans l’exposition de la science, divisait l’industrie en trois branches. Il groupait ensemble toutes les industries qui extraient les produits de la terre et les appelait industries extractives ; il distinguait ensuite celles qui, prenant les produits des mains de leur premier producteur, leur font subir une transformation quelconque par des procédés chimiques ou mécaniques, c’étaient les industries manufacturières ; enfin, les industries qui « prennent les produits dans un lieu pour les transporter dans un autre où ils se trouvent plus à portée du consommateur » formaient d’après lui un troisième groupe, sous le nom d’mdustrie commerciale ou, simplement, de commerce. Ce classement présentait deux défauts. Il confondait ensemble les industries minières et l’agriculture, pourtant si dissemblables dans leurs procédés et dans leurs conditions de développement. Il rangeait aussi dans une même classe l’industrie des transports et l’industrie commerciale ; or, si toutes deux travaillent en vue du même but, leur procédés, leur outillage, leur personnel sont assez différents pour qu’il soit nécessaire d«les distinguer. De ces deux imperfections,, Dunoyer corrigea la première en séparant l’agriculture des industries extractives, mais il aggrava singulièrement la seconde en éliminant de sa nomenclature l’industrie commerciale. De plus, il créait toute une catégorie nouvelle d’industries comprenant celles qui s’occupent du perfectionnement de notre nature physique, de notre imagination et de nos sentiments, de l’éducation de notre intelligenceet de noshabitudes morales. C’était, par une regrettable confusion, envisager l’industrie au point de vue sociologique et non plus économique (voy. ci-dessus § 1 er ). Ch. Coquelin (ancien Dictionnaire d’économes politique, V. Industrie), qui le suivit dans cette voie, en arriva, pour avoir trop compliqué la question, à la trouver insoluble. Après avoir distingué les industries agricoles, manufacturières et commerciales, il se résigna à rejeter toutes les autres, en bloc, dans u& groupe innomé qu’il désigna de ce titre vague : industries diverses.

L’économie politique est aujourd’hui sortie de ces hésitations. Elle s’est arrêtéeà mt classement, logique selon nous, qui comprend cinq groupes :

d° Industries extractives. — Ce sont celles qui, par des procédés divers, extraient du. sein de la nature, maïs sans modifier leur structure intime, des substances utiles à l’homme. Telles sont : la pêche, la chasse, L& cueillette des fruits spontanés, l’exploitation des bois, des mines et des carrières. ° Industrie agricole. — Elle s’adresse aussi ! â la terre pour produire des substances utiles, mais c’est au moyen de métamorphoses que l’homme dirige , grâce à la connaissance par lui acquise des lois de la vie végétale et animale. ° Industries manufacturières. — Leur rôle est de transformer les matières premières que nous procurent les industries extractives et agricole. C’est dans ce groupe que l’on trouve les variétés les plus nombreuses : entreprises de constructions, établissements métallurgiques, fabriques de tissus, de produits alimentaires, de monnaies, de bijoux, etc. ° Industrie commerciale. — Le commerce (voy. ce mot) assure le fonctionnement des échanges, également indispensable à la production et à la consommation de la richesse. Recevant les marchandises des mains dix producteur, le commerçant se charge de les conserver et de les mettre à la disposition du consommateur.

° Industrie des transports (voy. ce mot). — Ce groupe comprend toutesles industries qui, par les procédés les plus variés, en se servant de la mer, des fleuves, des canaux, des routes, des