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PAUPÉRISME


PEAGE

travail individuel. Il n’est pas douteux qu’un tel régime soit, dans une certaine mesure, le préservatif d’un état général d’indigence ; mais il serait téméraire de lui attribuer la prospérité relative des villages russes et des villages suisses. Dans nos communes rurales françaises, la misère collective est également inconnue, et cependant le communisme agraire n’y existe que rarement. D’ailleurs, en Russie et en Suisse, la communauté laisse subsister l’indigence individuelle. « Le mir, dit M. Leroy-Beaulieu, ne supprime pas le prolétariat agricole. Celuici vit avec lui ; il se développe avec lui et est même plus irrémédiable que sous tout autre système. Le prolétariat rural se recrute alors dans diverses catégories d’individus : ceux qui, ayant émigré pour faire du commerce et n’ayant pas réussi, sont revenus dans la commune, mais ont perdu leur droit au mir les individus qui, même étant toujours restés dans la commune, n’ont pas ou n’ont plus de capital agricole, des instruments de travail, un cheval *. » Dans le système de Vallrnend suisse, il faut de même posséder du bétail pour avoir une part de la communauté.

L’assistance (V. Socialisme) ou la charité n’est pas davantage une solution. Elle peut soulager, faire disparaître même une misère individuelle, mais ne saurait extirper la misère d’une société entière. Telle la médecine, qui guérit quelques malades, mais n’empêche pas la maladie. Au surplus l’assistance est insuffisante à moins d’avoir un caractère obligatoire et d’être alimentée par l’impôt : mais, dans ce dernier cas, elle a d’autres inconvénients, et c’est ici le lieu de rappeler cet aphorisme du grand philosophe anglais David Hume, qui a dit que les conséquences des institutions politiques étaient souvent le contraire de ce qu’on en attend. La loi anglaise des pauvres est un exemple souvent invoqué, car, en voulant sauver des pauvres anciens, elle en a, comme le rappelait récemment M. Léon Say, créé de nouveaux (V. Assistance).

La prévoyance (voy. ce mot) appartient au domaine de l’hygiène sociale ; mais, de même que l’on ne peut ou ne veut toujours observer les lois de l’hygiène, on néglige ou on est empêché d’appliquer celles de la prévoyance. Et puis, quoique plus efficace que l’hygiène, qui est impuissante à empêcher la maladie, la prévoyance ne peut être un obstacle à la misère dans toutes les situations de la vie et en face de toutes les infortunes. La rendre obligatoire, ce ne serait . Le Collectivisme, p. 98.

pas encore résoudre la difficulté ; car comment demander l’économie à ceux qui ne gagnent rien, une abstinence à ceux qui sont totalement privés ?

Ce n’est donc pas à une solution unique qu’il faut demander un remède contre l’indigence. Faut-il le demander à un ensemble de mesures ?

Nous le croyons plutôt, mais nous 

pensons aussi que, quel que soit l’état social, il sera toujours souillé par des taches de misère et paupérisme. Il faudrait, pour supprimer l’indigence, arriver à déraciner les vices de l’humanité, à exclure des sociétés les accidents calamiteux, à supprimer enfin la maladie et la mort. Ce que l’on peut faire, c’est de créer par de bonnes lois une atmosphère sociale peu propre àl’éclosion et surtout au développement de l’indigence ; c’est aussi, lorsque l’indigence se manifeste, de lui appliquer une assistance éclairée, dont la préoccupation constante sera de la faire disparaître plutôt encore que de la soulager, de détruire la misère morale pour atteindre plus sûrement la misère physique. Emile Chevallier.

Bibliographie.

A. E. Chbebuliez, Études sur les causes de ta misère tant morale que physique et sur les moyens d’y porter remède,

— Victor Modeste, le Paupérisme en France. — Moreao-Christophe, Du problème de la misère et de sa solution chez les peuples anciens et modernes. — Émilk Laurent, le Paupérisme et les Associations deprévoyance. — Jules Siegfried, la Misère, son histoire, ses causes, ses remèdes. — Georges Picot, Rapport sur l’assistance publique dans les campagnes. — Voir aussi les ouvrages cités au mot Assistance .

PÉAGE.

SOMMAIRE

. Définition.

. Historique.

. Valeur économique et avenir du péage. . Définition.

Ouvrir une route, un chemin ou un canal, construire un pont, établir un bac, en un mot, créer une voie ou un moyen de communication, en imposant au public qui en fait, usage une redevance destinée à permettre l’amortissement du capital engagé et à compenser les frais d’entretien, telles sont l’origine et la raison d’être du péage. Autrement dit, le péage est le droit perçu pour le passage des personnes, des voitures, des marchandises et des bestiaux sur un pont, un chemin, un canal, etc.

Cette combinaison simple, rationnelle en principe et équitable, se présente naturellement à l’esprit lorsque Ton songe à tirer profit ou à s’indemniser de l’exécution d’un travail qui intéresse la circulation générale.