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ORESME

fit amende honorable en écrivant un livre intitulé le Triomphe de l’Évangile, qui lui valut de rentrer en grâce auprès des inquisiteurs. Don Pablo de Olavide eut la permission de rentrer en Espagne en 1798, mais, décidé à ne jouer aucun rôle, il se retira en Andalousie, et mourut à Baeza en 1803. Les colonies agricoles de la Sierra-Morena, après que don Pablo de Olavide cessa d’en être le directeur , ne vécurent que d’une, vie languissante. Cependant tout ne fut pas perdu de cette tentative, la première essayée en Espagne. Les éléments étrangers peu choisis, qui avaient formé le noyau de la colonie, se fondirent peu à peu dans la population locale. Quelques villages subsistèrent jusqu’à nos jours, et les voyageurs qui, dans les dernières années du xvm e siècle, traversèrent cette contrée, jadis sauvage et stérile, rendirent un haut témoignage de son état économique et agricole. (V. Tableau de l’Espagne, par Jean -François Bourgoîng, Paris, 1797, t. III, pages 79 à 91}. Sur la vie de don Pablo de Olande, il faut lire l’intéressante étude de don José Antonio de Lavalle : Don Pablo de Olavide, Lima, 4885, in-8°, la seule œuvre complète qui ait paru jusqu’à aujourd’hui sur ce sujet, et qui contient quelques lettres inédites de don Pablo de Olavide. Parmi les ouvrages de don Pablo de Olavide, il en est un, Informe al consejo sobre la Ley agraria, 1768 (Rapport au conseil sur la loi agraire), qui a une véritable valeur en tant qu’oeuvre économique, quoique parfois l’auteur y retombe d’une façon illogique dans les erreurs et les fautes même qu’il signale et prétend corriger. Tout en prenant la liberté individuelle comme base de la loi agraire et de la restauration de l’agriculture, il conseille néanmoins certaines interventions officieuses pour le loyer des terrains et prétend assujettir les contrats entre particuliers à la pression d’un système réglementaire.

A. A.

OR. — V. Métaux précieux.

ORESME (Nicole), né sans doute à Caen, entre 4320 et 4325, mort évêque de Lisieux le 11 juillet 1382. Successivement boursier, professeur, grand maître du collège’ de Navarre (1348-1361), archidiacre de Bayeux, élu doyen de l’église de Rouen, la seconde dignité de l’Église normande, il devint évêque et comte de Lisieux en 1377 et ne quitta plus son diocèse. Fut-il choisi par le roi Jean comme précepteur du dauphin, plus tard Charles V dit le Sage, trésorier de la Sainte-Chapelle, chapelain et conseiller de son an-

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cien élève, ou ces diverses fonctions furent-elles remplies par quelque Orème ou Oresme, de la même époque ? Ces derniers points ont été aussi discutés que l’orthographe même de ses nom et prénom, écrits au moins de douze façons *.

Longue est la liste des travaux de cet homme éminent : elle comprend un très grand nombre de sermons, de traités relatifs aux sciences physiques, naturelles, à Fart oratoire, à la théologie. Il rendit à la philosophie de grands services, en traduisant la Politique, les Éthiques et les Économiques d’Aristote,

Un seul ouvrage est de nature à justifier la place occupée ici par Oresme ; c’est son traité de Origine, natura, jure et mutationibus monetarum, qu’il traduisit lui-même en français sous le titre de : Traictie de la première invention des monnoies. Cette œuvre fait de lui, avec Copernic, un des premiers, sinon le premier en date, des économistes et financiers que Ton puisse connaître et signaler. G. Roscher, en faisant des recherches sur l’histoire de l’économie politique, trouva un de ces traités à la bibliothèque de Munich ; il crut l’avoir exhumé Je premier et l’indiqua à Louis Wolowski en même temps qu’à l’Académie des sciences morales et politiques ; mais dès 1846, M. Lecointre-Dupont s’était occupé d’Oresme dans ses lettres sur l’Histoire monétaire de la Normandie et du Perche, et M. Francis Meunier avait, en 1857, pris pour sujet de sa thèse française les travaux de ce précurseurs.

En 1864, Louis Wolowski publia le Traictie de la première invention des monnoies ; textes français et latin d*après les manuscrits de la Bibliothèque impériale. Paris, Guillaumin, 1864. Grand in-8° de xxij-cxL p. Ce Traictie n’avait été jusque-là que dans la Bibliothèque des Pères, qui choisit ce sermon parmi les 115 qu’Oresme prononça en diverses circonstances, comme ayant fait plus de bruit encore que ceux qu’il prononça à deux reprises à la cour papale d’Avignon, où il ne craignit pas, lui, prélat, de fulminer contre les scandales et les abus du clergé. Le Traictie comprend, sans parler du prologue du « Translateur » et d’une conclusion, vingt-six chapitres, où sont attaqués, avec une rude énergie, les changements et altérations monétaires qui troublaient si fréquemment la fortune et les affaires publiques.

L’auteur prend lui-même la peine de nous indiquer dans un sommaire ce qu’il va examiner : « Cy commence ung petU Traictie de la . Le prénom, tantôt Nicole, tantôt Nicolas ; le nom Orem, Oresmus, Oresimus, Oresmius, Oresmes, d’Oresme, d’Ores-