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NECKER

peu versé dans les questions théoriques pour résister aux préjugés populaires. Ces mesures ont exercé sur la Révolution l’influence la plus fâcheuse en encourageant le peuple à la violence et en lui ôtant toute confiance dans la liberté.

D’autres questions graves ne furent pas mieux résolues. Au mois d’août 1788, Necker avait avancé la convocation des états généraux sans être fixé sur les conditions dans lesquelles elle aurait lieu ; il avait ensuite réuni les Notables pour leur confier le soin de régler la fameuse question de la représentation et avait congédié cette Assemblée sans tenir aucun compte de l’avis qu’elle avait émis ; il présida à l’ouverture des états généraux et parla pendant trois heures sans dire un mot des questions qui agitaient tous les esprits.

Cependant, après 1 a séance royale du 23 j uin , à laquelle il refusa d’assister parce que l’exécution ne devait pas répondre exactement au plan qu’il avait conçu, il fut acclamé par le peuple dans le palais et sous les yeux du roi. Supplié de reprendre son poste par le faible Louis XVI, il fut chassé quelques jours plus tard (il juillet) et obligé de sortir clandestinement de France. Rappelé aussitôt, il accomplit sa fameuse marche triomphale et parut devoir être le maître de la France. Mais au lieu d’imprimer une direction au gouvernement, il se contenta d’aller, entouré de sa femme et de sa fille, réclamer solennellement à la commune de Paris la grâce de son compatriote Besenval et par cette démarche plus généreuse que politique, il s’aliéna le parti populaire. Depuis, il n’eut plus ni soutien, ni influence. Quand il proposa un emprunt de 30 millions (août 1789), le taux en fut abaissé de 5 à 4 p. 100 ; l’emprunt ayant échoué, l’Assemblée lui laissa toute la responsabilité des moyens de crédit et vota un emprunt de 80 millions, tel qu’il était proposé : 47 millions seulement furent souscrits et la réputation d’habileté du ministre fut profondément atteinte. La Révolution commencée sous ses auspices s’accomplit sans lui ; il s’était opposé vainement aux renonciations de la nuit du 4 août, il s’opposa aussi vainement à la déclaration des droits de l’homme et à la suppression des titres de noblesse. Ni le long Mémoire qu’il présenta sur sa gestion financière, ni ses adieux à l’Assemblée, ni le dépôt qu’il fit au Trésor d’une somme de 2 400 000 livres ne ramenèrent à lui l’opinion. Sa démission fut accueillie avec indifférence par tous les partis {8 septembre 1790). Rentré dans son pays natal, Necker voulut, par la publication d’ouvrages politiques, re-

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prendre un lambeau de cette popularité quî lui avait été si longtemps acquise. Dans Ieplas important d’entre eux : L’administration de Necker par lui-même , où il refit son apologie, l’absence de principes se montre au moins autant que dans ses autres écrits. Necker se reproche d’avoir convoqué les états généraux et d’avoir été l’instrument de la Révolution ; il juge ensuite avec complaisance la création des assignats qu’il avait combattue. Ces contradictions furent à peine relevées ; Necker était oublié dans sa terre de Coppetet quand il mourut à Genève, le 9 avril 1804, il ne recevait depuis longtemps d’autres hommages que ceux de quelques flatteurs subalternes. G. SCHELLE.

Bibliographie.

Les écrits de Necker qui touchent le plus à l’économie politique sont les suivants :

Réponse au mémoire de Morellet sur la compagnie des Indes (1769). — Éloge de Colbert (J773). — La législation et le commerce des grains (1 775). — Compte rendu au roi (1781). — £)$ l’administration des finances de la France (1784). — Sur l’administration de Necker par lui-même (1791).

Une édition complète des Œuvres de Necker a d’ailleurs été publiée par son petit-fils, 15 voL in-8 a , 1820-21. Parmi les nombreux, ouvrages à consulter sur Necker, nous signalerons les suivants :

D&oz t Histoire de Louis X VI. — Stourm, Les finances de la France so ?is l’ancien régime et la Révolution. — Soulavie, Mémoires sur le règne de Louis XVI. — Da Stael-holsteix, Notice sur Necker (son grand-père). NEUMANN-SPALLART (François -Xavier von), né en Autriche en 1837, mort à Vienne en mai 1888. Docteur en droit, tourné de bonne heure vers les études économiques et statistiques, il était professeur à l’académie commerciale de Vienne, en même temps qu’il dirigeait ou surveillait la Statistique officielle, dont on lui doit au moins les dix ou douze derniers volumes publiés avant sa mort prématurée. Il futmembre et rapporteur des deux grandes expositions de Paris en 1867 et en 1878, et montra en toute occasion ses idées libre-échangistes.

Il a laissé : J)er Landwirthschaftliche Crédit in Oesterreich, in-8. Wien, 1864. — Die Kunst inder Wirthschaft. Ibid., 1873. — Volkswirthschaftslehre. .. (l’Economie politique dans ses applications alarmée et à F administration militaire ) ibid., 1873. — Uebersichten der Wellwirtschaft, in-8, Stuttgard, 1887 ; véritable statistique industrielle et commerciale de l’État économique universel.

E.R.

NEWTON (ïsaac), célèbre savant et philosophe anglais, naquit le 25 décembre 1642 à Woolsthorpe, mourut à Londres, le 20 mars .