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NEBENIUS —

dans plus d’une nation, mais qu’il faut tolérer en Espagne.

A. A.

NAVIGATION. — V. Canaux, Primes, Transports, Inscription maritime. NA VILLE (François-Marc-Louis), né à Genève le 11 juillet 1784, mort le 22 mars 1846. Issu d’un père, qui avait appartenu à la nationalité française, et qui avait été persécuté pour sa foi, M. Naville se consacra de bonne heure au ministère religieux, et devint pasteur ; puis il se voua à l’instruction et fonda une maison d’éducation. C’est pendant cette seconde partie de son existence, qu’il publia une étude sur l’Éducation publique, et son ouvrage si connu sur la Charité légale, ses causes et ses effets. Cette dernière étude, qui fut publiée en 1836, est le développement d’un point spécial du mémoire, qu’il avait rédigé, à l’occasion du concours ouvert par l’Académie française sur une question plus générale, et qui avait été couronné avec celui de M. de Gérando. Dans la préface de l’ouvrage, le pasteur Naville laisse échapper l’aveu suivant : « Lorsque je conçus, dit-il, le projet de traiter la question de la charité, mise au concours par l’Académie, mon intention était de prouver que les indigents ont un droit parfait aux aumônes, principe dont le système de la charité légale, que je combats aujourd’hui, est la conséquence naturelle. Mais bientôt je vis la théorie, que je voulais établir, détruite par des arguments d’une autorité irrécusable. Je dus alors changer d’opinion et me disposer à attaquer les idées mêmes que j’avais le dessein de défendre ». Mais il ne faudrait pas conclure de là que Naville pût être rangé parmi les partisans de l’une des doctrines qui contestent l’utilité ou la légitimité de l’assistance (V, ce mot) ; sensible et compatissant de sa nature, imbu de convictions religieuses aussi élevées que sincères, il ne peut consentir au divorce de la charité et de la société ; il proclame le devoir moral d’assistance, convaincu que le lien social, formé par la rencontre du pauvre et du riche ne doit point être inutile au perfectionnement moral de l’homme, ainsi qu’à l’accomplissement de sa destinée. Et c’est précisément parce que la charité légale, changeant en un droit une vertu, vient enlever à l’aumône son action morale, que Naville la condamné. On peut dire de son ouvrage, que c’est un livre de bonne foi écrit par un honnête homme.

Emile Chevallier,

NEBENIUS (Frédéric), qui appartenait à

NEBENIUS

une famille de fonctionnaires badois, est né en 1784, à Rhodt, dans le Palatinat rhénan. Après avoir terminé ses études à l’université de Tubingue, il fit un stage administratif comme volontaire à la préfecture de Besançon, mais déclina les offres qu’on lui fit d’entrer au service français. Après 1811, il travailla à la réorganisation du système des impôts directs et indirects et des Domaines dans le Badois. Roscher signale comme un fait curieux, que ses projets de réforme furent d’abord adoptés par le gouvernement de Nassau, et l’expérience y ayant réussi, introduits dans la patrie de Nebenius. En 1818, celui-ci élabora un projet de constitution pour le duché de Bade, qui fut accepté à peu près intégralement, sauf l’article transférant les domaines à l’État. Nebenius est également l’auteur de la législation électorale. Entré au ministère de l’intérieur en 1823, il fit adopter le système métrique ; collaborateur du ministre Winter, il travailla à la législation communale, au rachat des redevances des paysans. Président du comité de législation, il se prononça en faveur de la publicité des débats. Ministre de l’intérieur après la mort de Winter, il favorisa la construction des chemins de fer. En 1839, l’avènement au pouvoir des réactionnaires le fit tomber du ministère, où il rentra en 1845. Il avait refusé, dans l’intervalle, la proposition du roi de Prusse, Frédéric-Guillaume II, de passer au service de la Prusse. La faiblesse croissante de sa vue le détermina, en 1849, à renoncer à toute participation aux affaires publiques. Il mourut en 1837. Nebenius mérite la première place dans le groupe d’hommes d’État distingués, qui ont dirigé les affaires de Bade, et qui ont procuré à ce pays un régime qui formait un contraste avantageux avec le reste de l’Allemagne. Au point de vue théorique, Nebenius partage les idées des continuateurs anglais et français d’Adam Smith. Il a été un adepte du currency-system, d’après lequel, à la suite des grandes émissions de papier-monnaie, l’or et l’argent seraient devenus de simples marchandises. Toute augmentation de la circulation lui semble impliquer une dépréciation de la monnaie.

Nebenius ne croit pas à la répercussion de tous les impôts sur la rente de la terre et sur le taux de l’intérêt. Un État qui a de grands besoins ne peut se tirer d’affaire avec un seul impôt. La relation entre les impôts directs et les impôts indirects doit être déterminée par la relation entre le montant des impôts et le revenu de la nation. Si les taxes sont légères, l’impôt direct est préférable, parce qu’il gêne le moins l’activité économique ; si les besoins