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des travailleurs exerçant les diverses professions exclues est suffisant pour permettre la fondation de mutualités spéciales ; elle est au contraire déplorable là où cette organisation n’est pas possible en fait, car elle frappe alors des ouvriers qui, plus que les autres, ont besoin des avantages de la mutualité. La solution du problème est toute dans une juste proportion à établir entre la cotisation et le risque conformément aux indications qui seront données ultérieurement. ° Mode de groupement. — On peut se demander si les mutualités ouvrières doivent être professionnelles ou si elles peuvent grouper des ouvriers de corps de métiers différents.

Il paraît généralement admis que l’associa- , tion par professions, là où elle est possible, est le meilleur type de la société de secours mutuels à raison des avantages spéciaux qu’elle présente,

La similitude de travaux et de dangers, la communauté d’intérêts, l’analogie des conditions d’existence établissent entre les ouvriers d’une même profession une solidarité qu’ils comprennent mieux et qui rend l’association plus facile.

L’égalité des risques qui pèsent sur les ouvriers du chef de leur profession rendent les calculs plus simples et les résultats de la mutualité plus sûrs.

La société professionnelle semble tout spécialement indiquée pour l’assurance en cas de maladie et pour l’assurance en cas de chômage qui toutes deux, à raison des dangers de fraude et de simulation qu’elles comportent, exigent une surveillance très étroite. Le contrôle le plus efficace en ces matières est celui qui résulte des rapports personnels des ouvriers entre eux.

Enfin, le groupement professionnel peut ne pas être localisé et revêtir un caractère plus général en s’étendant à toute une région, voire même à tout un pays. Ce caractère national donné à une mutualité ouvrière offrirait deux avantages notables : d’abord, il serait tout spécialement favorable à l’assurance contre le chômage par la solvabilité plus grande qui en résulterait et qu’il serait difficile de rencontrer dans des sociétés locales. En second lieu, les ouvriers pourraient se déplacer pour offrir leur travail sur les différents marchés sans perdre le bénéfice d’une assurance contractée et de cotisations versées.

A côté de ces avantages incontestables, les sociétés professionnelles peuvent présenter des inconvénients spéciaux et l’on ne pourrait affirmer que des syndicats de cette nature ne retomberont pas dans quelques-unes des erreurs qui ont marqué les anciennes corporations (V. ce mot) et ne verront pas renaître certains de leurs abus. Le groupement professionnel, d’ailleurs, ne doit pas exclure les sociétés admettant indistinctement des travailleurs de tous corps de métiers. Les ouvriers de certaines professions à qui il serait difficile de former des sociétés entre eux se trouveraient ainsi privés des avantages de la mutualité. ° Nombre des sociétaires participants. — ’ Les tables qui servent de base à l’assurance reposant sur des calculs de moyennes établis sur un grand nombre de cas donnés, la réalisation des risques peut s’écarter notablement des prévisions si le nombre des sociétaires assurés n’est pas suffisant pour laisser un libre jeu au système des compensations et pour assurer la réalisation de cette moyenne. Il est admis que les calculs de probabilité ne sauraient s’appliquer à une société comprenant moins de cent membres. La conformité des résultats aux indications fournies par les tables tendra à s’accroître avec le nombre des membres et la durée des opérations. On considère cependant que les sociétés ne comptant pas au delà de quatre cents à cinq cents membres offrent des avantages sur celles qui seraient plus nombreuses ; la surveillance y est plus facile, les frais d’administration proportionnellement moins élevés, le lien qui s’établit entre les sociétaires plus réel, plus immédiat,, plus durable, ° Cotisations. — La mutualité étant essentiellement constituée par un échange de services réciproques on ne saurait concevoir de société de secours mutuels dont tous les membres ne contribueraient pas à l’alimentation du fonds commun. La protection résultant de l’assurance ne peut, en effet, être acquise par l’ouvrier qu’au prix d’un sacrifice sur le produit de son travail ; ce sacrifice se traduit par le versement périodique d’une cotisation qui est le prix de l’assurance.

L’ensemble des cotisations doit produire une valeur suffisante pour mettre l’assureur, c’est-à-dire la société, à même de remplir son obligation.

Ce résultat ne sera obtenu que si une cotisation spéciale correspond à chacune des garanties cherchées et si les cotisations sont toutes rigoureusement proportionnelles aux charges qui doivent résulter de ces diverses garanties.

On ne saurait trop insister sur ce que l’exacte détermination du chiffre des cotisations qu’une mutualité doit exiger de ses membres pour pouvoir garantir les avantages qu’elle leur promet est la condition es-