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des effets courts et par celui de l’or 1 . La hausse des effets courts au-dessus du pair du change (sur les places qui donnent Tincertain ) annonce une masse de dettes supérieure à celle des créances et, par suite, une exportation de numéraire ou de lingots ; leur baisse au-dessous du pair révèle des créances plus fortes que les dettes et une importation d’or (V. Change, § 4, a). Le prix de l’or est influencé par les mêmes causes que le cours du change et dans le même sens. Des dettes supérieures aux créances provoquent une demande d’or pour l’exportation. Le mouvement du prix des effets courts vers le point de sortie du métal est donc rapidement suivi de la prime de l’or. On voit, au contraire, en même temps que la baisse du change, indice de créances supérieures aux dettes, la disparition de la prime de l’or, dont le cours tombe au pair ou au-dessous du pair, et le retour de l’or (V. Métaux précieux, cote des). La nécessité de régler les balances commerciales n’est pas la seule cause qui mette les métaux précieux en mouvement. Les variations du taux de l’escompte provoquent également leur importation ou leur exportation (V. Changes, § 4, 6). Or, ces variations dépendent elles-mêmes, pour partie tout au moins, de la proportion qui existe entre les besoins et les instruments de la circulation. Supposez que la quantité d’espèces disponibles soit trop considérable, à un moment donné, eu égard à l’activité des affaires. Le loyer des capitaux incorporés dans ces espèces s’abaissera au-dessous du taux pratiqué sur les places où le volume du numéraire est dans un rapport plus exact avec le mouvement des échanges. L’hypothèse inverse se réalise. Il peut arriver que, tout au contraire, il n’y ait plus assez de numéraire pour les transactions. Alors, le loyer des capitaux disponibles s’élève au-dessus des taux d’escompte pratiqués à l’étranger. Au premier cas, on a intérêt à exporter les espèces sur les places étrangères, où l’emploi de ces capitaux en opérations de change sera plus rémunérateur que sur le marché national. Au second cas, la hausse du taux de l’escompte provoque une importation de capitaux en métal.

Les métaux précieux ainsi importés comprennent des monnaies françaises, des monnaies étrangères, des lingots* Les monnaies françaises rentrent aussitôt dans la circulation intérieure. Il en est de même des moni. On ne peut bien comprendre les questions monétaires si l’on n’est familiarisé avec la théorie du change et si l’on ne sait lire les cotes des cours du change et des matières d’or et d’argent (V. les articles Change et Cote des wétaux précieux),

IL

MONNAIE

naies étrangères qui jouissent du bénéfice de l’admission dans les caisses publiques (V. ci-après 7, c). Quant aux autres monnaies étrangères et aux lingots, ils ne peuvent circuler en France qu’à la condition d’être préalablement transformés en monnaie française.

Portera-t-on, effectivement, ces monnaies et ces lingots à l’hôtel des Monnaies ? L’importateur peut être détourné de le faire par plusieurs considérations. Une fois monnayés, ces métaux ne seront réexportables qu’au prix de la perte des frais de fabrication ; pour le métal monnayé en espèces étrangères, le monnayage en France entraîne même la perte des frais de fabrication dépensés dans le pays d’origine.

_ Si l’importateur suppose que des variations prochaines dans les cours du change et de l’or lui permettront, dans un assez bref délai, d’employer son métal à l’étranger ou de le vendre avec une prime pour l’exportation, il est peu probable qu’il le fasse transformer en monnaie française. En effet, il a le moyen de retrouver provisoirement, sans perdre les frais de fabrication, la disposition de son capital, de reporter en quelque sorte son opération, en obtenant de la Banque de France une avance contre le dépôt de ses espèces ou de ses lingots. Il sera d’autant plus porté à le faire que le taux d’intérêt exigé par la Banque sera moins élevé. Si l’importation des matières précieuses a été provoquée par la hausse du taux de l’escompte, le taux des avances sur lingots ne sera pas aussi favorable à cette sorte de report, et le détenteur du métal sera plus disposé à liquider son opération. Ici encore, la Banque de France lui viendra en aide, soit en escomptant son bon de monnaie s’il a porté les matières à l’hôtel des Monnaies, soit en lui achetant directement ces matières. Si le métal est au pair, l’importateur aura tout avantage à choisir cette dernière combinaison : il vendra son métal à la Banque au pair, c’est-à-dire qu’il obtiendra 3437 francs par kilogramme d’or fin, tout comme s’il le faisait monnayer, et il n’aura pas de délais, partant pas de perte d’intérêts, à subir. Si le métal est au-dessous du pair, il le portera plutôt à la Monnaie, qui en donne toujours la valeur au pair.

Le parti auquel s’arrêtera le commerçant dépendra donc de la comparaison des frais de fabrication avec le taux des avances sur lingots, le taux général de l’escompte, le taux de l’escompte des bons de monnaie, le cours actuel du métal et le cours auquel il peut s’élever dans un avenir très prochain. On remarquera que la Banque peut, en