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de 100 francs engendre ainsi celles de 50 et de 20 francs ; la pièce de 10 francs, celles de S et de 2 francs ; la pièce de 1 franc, celles de 50 et 20 centimes ; la pièce de 10 centimes, celles de S et 2 centimes. Les pièces de 50 francs, de 20 et 2 centimes sont ainsi placées, comme celles de 1 centime et de 100 francs, sous le patronage du système décimal. Elles n’ont, en réalité, d’autre usage que de figurer dans l’échelle systématique de nos monnaies. Ce sont les fausses fenêtres de l’édifice monétaire.

Il est permis de regretter que la genèse décimale ait fait proscrire i la pièce de 2o centimes, qui était fort commode, et surtout celle de 2 centimes et demi qui est vraiment indispensable aux menues transactions. L’absence de cette dernière pièce a pour résultat de faire fixer à un sou, ou à un nombre rond de sous, le prix de beaucoup de denrées ’ — du pain par exemple, — qui pourraient se vendre un demi-sou, un sou et demi, deux sous et demi, s’il existait une pièce de deux centimes et demi.

. Dénominations. — De nos jours, les pièces de monnaies portent le plus souvent sur le revers l’indication du nombre d’unités monétaires qu’elles contiennent et c’est à ce nombre qu’elles empruntent d’habitude leur dénomination. Tel est le cas pour les monnaies françaises, belges, suisses, italiennes, espagnoles, austro-hongroises, russes, allemandes, etc.. À d’autres époques, les pièces de monnaie tiraient plutôt leurs dénominations des emblèmes ou effigies que l’on y avait empreints ou encore du lieu où elles avaient été frappées. Il suffit de citer les besants, les florins, les écus, les louis, les ducats, les souverains. Dans quelques pays, la législation monétaire a conservé certaines de ces désignations. C’est ainsi qu’on trouve en Angleterre, où l’unité monétaire est la livre sterling, divisée en shillings et en pence, des souverains et demi-souverains, des demi-couronnes ; aux États-Unis, où l’unité de compte est le dollar, des aigles, double-aigles, demi-aigles, quart d’aigles 2 . Ailleurs, le nom traditionnel d’une pièce de monnaie est devenu celui de l’unité monéi. La loi du germinal an XI prescrirait de frapper des pièces d’or de 40 francs et des pièces de un quart de franc. Les pièces de S0 francs ont été substituées à celles de 40 par un décret du 12 décembre 18b4 et celles de 20 centimes à celles de 25 centimes par un décret du 3 mai 1848. Dans les deux cas, on a appliqué le principe proclamé par la loi du 4 juillet 1837, interdisant pour toutes les mesures la division en quarts et en huitièmes.

. Dans le commerce des métaux précieux, on donne souvent des surnoms analogues aux pièces de monnaie : parmi les pièces espagnoles, par exemple, on distingue les isabellines, les alphonsines, les bébés (Alphonse XIII). Mais U ne s’agit plus là de dénominations légales. M

taire ; c’est ce que l’on voit pour le florin en Autriche et dans les Pays-Bas ; pour la couronne dans les États Scandinaves ; pour la piastre en Turquie, en Tunisie, en Indo-Chine.

c. Titres et alliages. — L’or et l’argent ac quièrentune plus grande résistance à l’usure quand ils sont alliés à un autre métal ; aussi les monnaies d’or et d’argent contiennent-elles toujours, du moins à notre époque, une certaine proportion d’un métal non précieux, qui est ordinairement le cuivre. Cette proportion s’appelle alliage ou aloi. Le titre est la proportion de métal fin contenue dans la pièce.

Michel Chevalier estimait que « la proportion d’alliage la meilleure est celle qui donne aux métaux précieux la plus grande résistance au frottement ». Cette formule est trop absolue. Il faut, en effet, prendre garde que la proportion d’alliage ne peut dépasser certaines limites. Si elle était trop forte, on devrait, pour conserver aux pièces de monnaie une valeur intrinsèque égale à leur valeur nominale, en augmenter démesurément le volume et le poids. Tel serait cependant le résultat de la règle posée par Michel Chevalier. Il résulte, en effet, d’expériences poursuivies à la Monnaie de Paris depuis plusieurs années par le Directeur générai de l’administration, M. Ruau, que, d’une façon générale, la résistance au frai des alliages d’or et d’argent augmente avec la proportion de cuivre qu’ils contiennent 1 . Aussi, la formule de Michel Chevalier nous paraît devoir être modifiée comme suit : le meilleur alliage est celui qui, dans les hauts titres, offre la plus grande résistance au frai. Les monnaies dont le pouvoir libératoire est limité contiennent souvent plus d’alliage que les monnaies admises au cours légah ’ En France et dans l’Union latine, les pièces divisionnaires d’argent sont au titre de 83S/1000, tandis que les pièces de S francs sont au titre de 900/1000. La loi du 17 germinal an XI n’avait fait aucune distinction entre les unes et les autres : toutes étaient au titre de 900/1000 et avaient cours légal illimité. C’est en 1864 et 1865, pour prévenir l’exportation des monnaies divisionnaires i. Les résultats de ces expériences, que M. Ruau a bien voulu nous faire connaître, seront prochainement publiés. Us renversent les idées accréditées, depuis les recherches faites en Angleterre par Cavendish et Hatchett en 1798, sur la supériorité du titre de 11/12. L’appareil employé par le Directeur général des monnaies a été décrit dans une publication de l’administration : Expériences de frai effectuées en {888, p. 43. C’est une table rectangulaire dont le parquet est formé des diverses substances avec lesquelles les pièces de monnaie se trouvent journellement en contact dans la circulation : tôle* laiton, bois, marbre et zinc.