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d’escompte et le libelle contre la banque de Saint-Charles sont dus surtout à la plume de Clavière. Il en est de même de l’ouvrage sur la monarchie prussienne, dont l’auteur véritable fut le major allemand Mauvillon. Il semble cependant que le pamphlet intitulé Dénonciation de l’agiotage et les Lettres sur V administration de M. Necher sont bien de Mirabeau. Le futur tribun de la Constituante apparaît déjà dans le mouvement de la pensée et du style. « C’est un véritable discours, dit M. Charles de Loménie, que la Dénonciation de l’agiotage... Rien de ce que constitue l’appareil oratoire n’y manque. »

On chercherait en vain dans ces publications un ensemble de vues arrêtées, à plus forte raison un corps de doctrines. Sans doute un esprit novateur anime ces pamphlets. Mais l’auteur n’est en aucune manière un apôtre inflexible de la liberté, et Ton peut signaler, dans ses principes économiques, des contradictions au moins apparentes. Ainsi, dans son étude sur la Caisse d’escompte, il refuse à l’État le droit de réglementer les opérations de Bourse ; il critique un arrêt du conseil, qui avait déclaré rétroactivement nuls certains marchés à terme. Et, dans sa brochure sur la banque de Saint-Charles, il souhaite, au contraire, que les gouvernements arrêtent la spéculation dont les actions de cette banque étaient l’objet. Les œuvres économiques de Mirabeau sont, en réalité, loin d’offrir, au point de vue doctrinal et scientifique 4 , l’intérêt qui s’attache aux écrits de son père. Et pareillement ses immortels discours, et ceux-Jà même où il traite des finances nationales. Dans ses brochures, oubliées depuis cent ans, comme dans ses harangues, qui dureront autant que notre histoire, Mirabeau est avant tout un homme d’État, c’est-à-dire un peu plus ou un peu moins qu’un économiste. Varagnac.

MOHL (Robert von). —Homme d’État et juriste allemand, né à Stuttgart le 17 août 1799, étudia àTiibingen et à Heidelberg le droit et les sciences politiques, fut nommé en 1827 professeur de sciences caméralistiques à l’université deTubingen. En i 845, il se présenta aux élections, mais sa profession de foi fut jugée trop libérale ; il entra alors en conflit avec le gouvernement, et fut obligé de donner sa démission, ce qui ne l’empêcha pas d’être élu membre de la deuxième Chambre du "Wurtemberg.

Il professa ensuite le droit pendant une . H en est cependant qui présentent encore un grand intérêt. Voyez ce qui est dit page 302, note 1, de son Mémoire sur la Monnaie et page 2S4 de sa Théorie sur les Mines.

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année (1847) à Heidelberg, et, en 1848, fut nommé membre de l’Assemblée nationale. Appelé au ministère de la justice (de la Confédération ) il s’occupa surtout d’améliorer les dispositions législatives des codes de commerce en vue de faciliter les relations d’échange entre les différents pays de l’Allemagne, Il collabora très activement au nouveau code de commerce général, et aux nouvelles lois organiques de la Confédération. Il quitta le ministère le 17 mai 184-9, puis fut envoyé à la Diète comme représentant du grand-duché de Bade (juillet 1861 à août 1866).

Nommé, en 1867, président de la première Chambre badoise, dont il faisait partie comme représentant de l’Université, il fut aussi envoyé extraordinaire de Bade à Munich jusqu’en 1871.

A cette époque il devint président de la cour des comptes. En 1874, élu membre du Reichstag, il siégea parmi les libéraux impériaux.

Il est mort à Berlin le S novembre 187o. Ses principaux ouvrages sont :

La responsabilité ministérielle vis-à-vis de la représentation nationale, 1837. -^ Le droit public du royaume de Wurtemberg, 1840 (ces deux ouvrages publiés à Tûbingen). — Histoire et littérature de la science d’État. Erlangen, 1857. — Encyclopédie de la science d’État. Tiibingen, 1859, recueil fort important surtout par les documents et les sources bibliographiques qu’il renferme. — Le droit public, le droit populaire et la politique, 3 vol. Tûbingen, 1860. — Le droit public impérial allemand. Tûbingen, 1873.

Il a enfin collaboré très activement, depuis 1844, à la Zeitsckrift fur die Gesammte Staatswissenschaft. (Gazette de la science d’État.) MOLLIEN (Nicolas-François, comte de l’empire), né à Rouen en 1758, s’attacha de bonne heure aux doctrines économiques, qu’il devait représenter et défendre — souvent avec plus de persévérance que de succès

— dans les conseils de Napoléon. Sur la recommandation de son père, commerçant habile et éclairé, il lut et médita la Richesse des nations d’Adam Smith et la préface de ses Mémoires nous fait connaître les idées solides qu’il y puisa sur le rôle, la na* ture et la destination des impôts, sur le crédit et les emprunts, sur la propriété et les capitaux. Le respect de la propriété devint chez lui un véritable culte. Elle était à ses yeux « le premier des organes du corps social » et le principal devoir du gouvernement était de respecter et de faire respecter ses droits. Cette idée revient sans cesse sous sa plume, avec