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sertation sur rétablissement d’une force constitutionnelle indépendante et l’armée permanente,, publiée en 17b 6, deux ans après, en 1758, les discours sur la conduite de la Grande-Bretagne à l’égard des nations neutres pendant la guerre.

En 1798, le 7 février, à la suite d’une adresse de la Chambre des communes recommandant la frappe d’une monnaie de cuivre, le comité du conseil privé pour les monnaies fut dissous et un « sélect committee », dont lord Liverpool fit également partie, fut chargé d’étudier le système monétaire du Royaume-Uni. C’est à ce moment que lord Liverpool rédigea sous forme de rapport au comité, le mémoire qu’il devait publier plus tard sous le titre de Traités des monnaies du royaume sous la forme d’une lettre au roi. L’opposition du « Chief Justice » des plaids communs empêcha l’adoption des mesures que proposait lord Liverpool et aussi, sans doute, la publication du rapport. Lord Liverpool étant tombé gravement malade peu de temps après, c’est en 1805 seulement que son mémoire fut publié i . Au début de son livre, l’auteur expose la situation monétaire du royaume. La circulation d’or est bonne depuis les mesures prises, sur son initiative en 1774 : réfection, aux frais du Trésor, des pièces d’or frappées ; établissement d’un minimum de poids courant. Depuis lors, le trébuchage et l’exportation des pièces lourdes ont cessé. La circulation d’argent est restée très défectueuse. Le tarif de la monnaie assignant à l’argent une valeur inférieure à son cours marchand, ce métal n’est plus apporté à la frappe : les pièces de bon poids, dépréciées dans l’intérieur du royaume par rapport à l’or, sont exportées ; celles-là seules restent dont le poids est réduit par le frai ou la fraude .

Quelles mesures convient-il de prendre ? avant tout, il faut bien voir qu’une législation qui autorise la frappe illimitée — et sans frais — des métaux monétaires, en fixer un rapport de valeur entre eux, a pour conséquence nécessaire l’exportation du métal déprécié légalement. La question se pose donc comme suit : ne faut-il pas donner pour base au système monétaire une monnaie faite d’un seul métal, les pièces faites d’autres métaux étant réduites au rôle de monnaie d’appoint ? Une question subsidiaire se pose ensuite : de quel métal doit être faite la monnaie principale, la monnaie étalon ?

i. A Treatiseon tke coins ofihe Realm, etc., 1805, 2 e étlit. Londres, 1846. Une réimpression en a été faite en 1888, par les soins de la Banque d’Angleterre, Lord Liverpool résout la première question par l’affirmative. Il invoque l’autorité de sir "William Petty, de Locke, de Harris, l’exemple des banques de Venise, Gênes, etc., qui eut pris un seul métal pour en faire leur monnaie de compte. Quant au choix du métal unique il se prononce en faveur de l’or. Il établit d’abord, contrairement à l’opinion de Lock et de Harris, qu’il contredit sur ce point spécial, que légalement l’or a été la monnaie de l’Angleterre aussi bien que l’argent, qu’il a eu force libératoire comme ce dernier et depuis 1774 il a seul force libératoire, le pouvoir libératoire de l’argent étant limité à 25 shillings. Il montre ensuite que suivant les variations de leurs valeurs relatives, l’un et l’autre ont été alternativement exportés, de sorte que chacun de ces deux métaux restant à son tour en Angleterre y a joué alternativement le rôle d’étalon, et qu’à l’époque où il écrit, c’est l’or qui est en fait investi de cette fonction, comme le prouve notamment le cours des changes étrangers. Il ajoute que l’or a une valeur plus stable que l’argent et est en conséquence plus propre à servir d’étalon :pour le prouver il compare les variations que les matières d’or et d’argent avaient éprouvées dans leurs prix en monnaie courante. L’argument est mauvais, comme l’a remarqué Michel Chevalier ; la monnaie courante étant de l’or ou du papier convertible en or, il est clair que les variations exprimées en cette monnaie devaient être plus fortes pour l’argent que pour l’or.

Lord Liverpool recommandait, en s’appuyant sur ces diverses considérations : 1° de reconnaître définitivement à l’or la qualité d’étalon ; 2° de prélever un droit de fabrication sur l’argent, de façon à réduire sa valeur nominale et d’en empêcher l’exportation. On sait que les conseils de lord Liverpool ont été écoutés, et que la loi du 22 avril 1814, qui a été la loi fondamentale du Royaume-Uni en matière monétaire, s’en est directement inspirée.

C’est là le principal intérêt du livre de Lord Liverpool. Ce n’est pas le seul. On y trouve un grand nombre de renseignements historiques ou d’aperçus économiques dont la plupart eut encore un grand prix. Signalons notamment le chapitre où il traite des abus de l’émission des billets de banque. Il est seulement fâcheux que l’ouvrage de lord Liverpool soit composé avec peu d’ordre et de méthode.