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questions économiques. Car il touchait à. tout et partout cherchait et trouvait comme une face nouvelle. La plus célèbre philippique fut celle qu’il fulmina contre le pain, qu’il appelait un poison lent. Il formula les mômes idées et les mêmes paradoxes dans ses Annales et dans son Journal politique et littéraire) qu’il fit quelque temps avec Mallet du Pan.

De ses nombreux ouvrages (près de 60), dont plusieurs furent brûlés par la main du bourreau, il faut citer ici : la Dîme royale, avec de courtes réflexions sur ce qu’on appelle la contrebande, 1764. in-8° ; réimprimé en 787 sous le titre de Vlmpàt territorial. — ■ Traité des canaux navigables, 1769. — Réponse aux docteurs modernes, 1774. — Bu pain et du blé, 1774 reproduit sous le titre de : Bu commerce des grains, 1789. — Réflexions des six corps de la ville de Paris sur la suppression des jurandes, 1776. — Point de banqueroute, plus d’emprunt et y si Von veut, bien plus de dettes, en réduisant les impôts à un seuL

Edmond Renaudin.

LIST (Frédéric) a eu une existence agitée et une fin tragique. Le retour en arrière que l’Allemagne a fait en 1879, en introduisant de nouveau un régime douanier protectionniste, a redonné une certaine actualité aux écrits de List.

Celui-ci est né en 1789 à Reutlingen, ancienne ville de l’Empire, incorporée au Wurtemberg. Son père y exerçait le métier de tanneur. Comme le jeune List n’avait pas de goût pour ce genre d’occupation, on le fit entrer dans les bureaux de l’administration de l’État : d’une tournure d’esprit indépendante, il y prit la haine de la routine et des procédés bureaucratiques ; la mort de sa mère, qui succomba au choc produit par le traitement brutal de quelques fonctionnaires, l’encouragea encore dans son aversion pour le système de bureaucratie despotique. Par la protection du ministre Wangenheim, qui cherchait à introduire des réformes dans le royaume, il fut nommé en 1817 professeur à l’université de Tubingue, où l’on avait créé pour lui une chaire de droit administratif et politique. Son enseignement, dirigé contre les abus existants, déplut à ses collègues de l’Université, et lorsque le gouvernement retomba dans les mains du parti réactionnaire, on lui chercha chicane pour avoir pris part à la fondation de l’Association commerciale et industrielle (Handeisverein), qui s’était formée en vue d’obtenir l’abolition des entraves intérieures au commerce. List, qui était en pleine opposition et collaborait au Volhsfreund aus Schviaben, ein VaterlandsUatt fur Sitte, Freiheit und Recht donna sa démission de professeur (mai 1819). Il se dévoua alors entièrement au Handelsvereîn dont il devint le conseiller, le secrétaire général. C’était à la foire de Francfort, qu’il avait rencontré les négociants et les fabricants qui l’avaient chargé de rédiger une pétition à la Diète, pour demander l’abolition des quatre-vingt-trois lignes de douanes intérieures et tracer un programme économique qui comprenait entre autres des droits protecteurs comme représailles à l’égard de l’étranger. L’Association commerciale envoya des délégués visiter les principales cours, Munich, Stuttgart, Carlsruhe, Berlin, Vienne : List, qui voyait tout en optimiste, prit pour de l’argent comptant les bonnes paroles qu’on lui donna. Il resta cinq mois à Vienne, pendant le congrès des États allemands, infatigable à rédiger des mémoires, des articles, des correspondances, à faire des visites. Au mois de juin 1819, il fonda l’Organe pour le commerce et l’industrie de V ’Allemagne, dont il fut le principal rédacteur. La Diète écarta la pétition rédigée par List, qui voulut alors entraîner les États l’un après l’autre et tourna son espoir principalement vers l’Autriche.

On ne saurait, dit Eheberg, considérer sans injustice List comme le père de l’idée de l’Union douanière, cette idée était en l’air depuis 181 6, mais il en a été l’un des artisans les plus actifs.

En 1819, il fut élu député pour la ville de Reutlingen ; l’élection fut cassée par le gouvernement. Réélu en 1820, il fit une motion pour demander que l’assemblée des états du Wurtemberg étudiât les moyens de relever le commerce et l’industrie du pays. Avant la discussion de cette motion, il fut décrété d’accusation par le gouvernement pour une pétition écrite sur le désir de ses électeurs, et dans laquelle il demandait toute une série de réformes libérales dans l’organisation des communes et de l’État, la publicité des débats devant les tribunaux, le jury pour les crimes, le rachat des droits féodaux, la vente des domaines, la suppression de l’accise et des péages sur les routes, la réduction du personnel bureaucratique, l’introduction d’un impôt unique sur le revenu.

Cédant à la pression des ministres, la Chambre vota l’exclusion de List ; le tribunal le condamna à dix mois de forteresse. List se déroba par la fuite et se réfugia en Suisse et en France ; après une absence de trois ans, il adressa une requête au roi, mais le gouvernement le fit interner sur l’Asperg, où on l’occupa à des travaux forcés littéraires,