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»ar hectare, estimation trop faible ; les améliorations sont faciles et elles ne tardent pas à apparaître. Le régime de la jachère donne un produit brut par hectare défriché de 80 à $00 francs, ce qui semble élevé. Comme il est surtout pratiqué dans les régions de métayage, ce produit se partage par parts égales entre le propriétaire et le cultivateur, ce qui ferait ressortir un revenu de 11 à 12 p. 400 pour le capital immobilisé par le propriétaire. Le sol ainsi aménagé se vendant normalement 1100 à 1200 francs l’hectare, cette situation avantageuse disparaît pour le premier acquéreur du sol défriché et conséqUemment pour tous ses successeurs. La plus-value créée par la mise en culture initiale subsiste donc au point de vue social, mais le privilège individuel, forme particulière de la rente, ne persiste pas au delà de la première mutation du fonds. On retrouve la jachère dans différents systèmes de culture inférieurs, où elle occupe une place prépondérante. La culture arabe bc prend qu’une récolte de blé ou d’orge tous les sept ans ou huit ans ; elle en est encore à la culture celtique et germaine, telle que nous la décrit Tacite. Dans la plus grande partie cultivée de l’Espagne, où les cultures arbustives ne sont pas exclusives, ©n pratique généralement un assolement biennal comportant une année de jachère sur deux.

Presque partout on peut constater que la jachère disparaît graduellement avec le progrès cultural, en subissant des transformations identiques. Le terrain nu et abandonné reçoit d’abord quelques travaux d’ameublisseitent : la jachère nue passe à la jachère travaillée ou jachère morte, c’est-à-dire sans culture ; celle-ci ne tarde pas à céder la place a une culture. Ce sont les fourrages annuels : trèfle, sainfoin, etc., suivant la région, qui apparaissent les premiers, et font passer Ifagriculture dans un système plus intensif. . Statistiques sur l’étendue actuelle de la jachère. Cette transformation importante de la culture exige des ressources nouvelles. Elle demande plus de science, plus de travail, des capitaux par conséquent ; mais elle est plus particulièrement stimulée par l’accroiss ement des débouchés, l’ouverture de nouvelles voies de communication et surtout la construction des chemins de fer. La découverte de l’action des phosphates et des amendements calcaires, et la plus grande facilité de leur transport, «nt eu, à notre époque, une puissante influence sur les progrès de notre agriculture nationale. De 4840 à 1832, la jachère a diminué en France de 3115 000 hectares, soit de plus de 70 000 hectares annuellement. Elle couvre encore cependant 3 643 000 hectares (en 4882} soit 14 p. 100 de la surface des terres labourables. Elle n’est pas uniformément répartie dans le pays, elle apparaît le plus souvent dans les départements à sol pauvre, à culture encore extensive et à population clairsemée ; ainsi par exemple, dans la Corse, dans la Lozère, dans les Alpes, dans les terrains crayeux de la Champagne et en Sologne la jachère occupe du tiers au cinquième de la surface labourable (en Corse les deux tiers) et fournit des parcours sur lesquels paissent des troupeaux de moutons.

L’Allemagne avait en 1883 une proportion de terres en jachère sensiblement la même qu’en France, 13 p. 100, mais l’Angleterre {1 p. 400), la Hollande (2 p. 1 00) et la Belgique (2,63 p. 100) en ont beaucoup moins. Il reste donc encore de grands progrès à réaliser de ce côté dans notre pays.

François Berward.

Bifoliograpliie.

De Gasfarin, Cours d’agriculture, t. V. — Statistique agricole de la France en 1S82. — H. Pasêy, les Systèmes de culture. Guiliaumin. Paris, 1852. JEU ET LOTERIE.

SOMMAIRE

. Le jeu.

a. Jeu ou pari de courses.

. Jeu de bourse (V. Marchés a terme). . La loterie. — Définition, historique, législation.

— Les valeurs à lots. — Controverses économiques et législatives.

Bibliographie.

. Le jeu.

Le jeu est une convention par laquelle le perdant s’oblige à payer au gagnant une certaine somme d’argentou toute autre chose qui forme ce qu’on appelle l’enjeu de la partie. Il y a le jeu où le hasard a une large part, mais qui peut être corrigé par l’adresse, par l’expérience ou par le talent du joueur, et le jeu où le hasard est tout-puissant. C’est ce dernier surtout, dangereux parce qu’il détourne l’homme du travail, qui a été l’objet des préoccupations de l’économiste et du législateur depuis la plus haute antiquité jusqu’à nos jours.

En France, le jeu a de tout temps été plus ou moins rigoureusement interdit, jusqu’à la Révolution et surtout jusqu’à Napoléon qui, par un décret de 1806, autorisa la réouverture des maisons de jeu à Paris et dans les villes où existaient des eaux minérales. Ces