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ici que de grands progrès sont réalisés chaque jour dans l’emploi des déjections des villes. Jusqu’ici, elles étaient abandonnées sans profit aucun pour l’agriculture, ne produisant d’autre effet que de souiller les fleuves et rivières qui les recevaient. La ville de Paris a pris l’initiative de l’utilisation en grand des eaux d’égout à Gennevilliers, puis, plus tard, à Achères. Berlin, Reims l’ont imitée et cette pratique se généralise rapidement.

On estime que sur un sol léger, bien drainé, 30,000 mètres cubes d’eau d’égout peuvent être assainis chaque année par hectare, en donnant un produit brut maraicher qui peut s’élever jusqu’à 10,000 francs. À Gennevilliers, le loyer de la terre irriguée sur les eaux d’égout ne s’élève pas à moins de 450 francs par hectare.

Les engrais chimiques ou industriels sont depuis peu d’un usage habituel en agriculture ils constituent désormais une matière première qui a un cours régulier à la Bourse, basé seulement sur leur richesse en éléments fertilisants, azote, acide phosphorique et potasse, et non sur leur volume ou leur poids. Après être allé chercher les guanos sur de petites îles au milieu des océans, l’agriculture s’est mise à exploiter toutes les matières qui pouvaient lui être utiles. La plus importante découverte qui ait été faite dans cette voie est celle toute récente de l’utilisation des scories de déphosphoration de la fonte qui fournit une puissante source d’acide phosphorique. Beaucoup d’engrais chimiques sont d’ailleurs fabriqués directement par l’industrie elle-même.

Il faut, à ces deux classes d’engrais, en ajouter une troisième qui se range aussi, à cause de la longue durée des effets qu’elle produit, dans les amendements elle comprend la chaux, la marne et le plâtre, dont l’agriculture connaît l’usage depuis longtemps. L’usage du plâtre a été surtout vulgarisé par Franklin. Ces engrais sont autant des agents physiques que des engrais proprement dits.

On divise encore les engrais en engrais complets et en engrais spéciaux ou incomplets. Les premiers sont considérés comme apportant au sol tous les éléments nécessaires à la végétation on classe comme tels les fumiers, les eaux d’égouts des villes et des mélanges fabriqués avec des engrais spéciaux en vue de cultures particulières ; les seconds sont des engrais partiels ou complémentaires n’apportant au sol qu’un élément donné, celui qui est le plus spécialement nécessaire à une culture ou à un sol particuliers tous les engrais industriels se rangent dans cette classe ; leur emploi peut se régler presque mathématiquement.

François Bernard.


Bibliographie.

A. Muntz et Ch.-A. Girard, les Engrais. 2 vol. Paris, 1889. — E. Lecouteux, Cours d’Économie rurale, t. II. — C. Dubost, les Entreprises de culture et la comptabilité. Paris, 1874. — Emile Wolff, les Engrais, traduction Damseaux, Bruxelles et Paris, 1887.


ENQUÊTES.


SOMMAIRE

I. LES ENQUÊTES EN GÉNÉRAL ; LES ENQUÊTES LÉGISLATIVES EN PARTICULIER.

II. LES ENQUÊTES AGRICOLES.

III. LES ENQUÊTES FINANCIÈRES ET MONÉTAIRES.

IV. LES ENQUÊTES COMMERCIALES ET INDUSTRIELLES.


I. LES ENQUÊTES EN GÉNÉRAL ; LES ENQUÊTES LÉGISLATIVES EN PARTICULIER.

S’enquérir est le moyen d’arriver à savoir. Or, bien connaître les faits, les avoir vus sous toutes leurs faces, en avoir pu mesurer la portée et les conséquences, en avoir comparé les résultats, c’est avoir recueilli des éléments précieux pour toute décision à prendre, pour tout jugement à prononcer, pour toute mesure législative à prescrire. Il faut que les sociétés soient encore dans l’enfance, ou dominées par la force brutale, pour que le détenteur du pouvoir, souverain ou prêtre, puisse se croire la science infuse et que, sans prendre la peine de s’enquérir, il dicte des lois et ordonne. Savoir douter est avoir fait un progrès en sagesse ; dans les pays libres, on s’enquiert, on cherche à s’éclairer avant de prendre un parti, et surtout avant de donner à des décisions force de loi pour l’avenir.

On distingue maintenant diverses natures d’enquêtes, dont l’application et le mode sont prévus et réglés par la loi : ce sont les enquêtes judiciaires, les enquêtes administratives et les enquêtes législatives.

En matière de droit, on entend par enquête une procédure qui a pour but d’arriver à la preuve, à l’établissement d’un fait, par l’audition de témoins qui viennent déposer de sa vérité. Lorsqu’il y a un accident, une mort violente, une enquête judiciaire est commencée sur les causes qui ont amené le fait ; cependant on ne regarde pas comme