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INTRODUCTION




Une introduction n’est pas une apologie ; ce n’est pas davantage une œuvre de polémique. C’est, au seuil d’un ouvrage étendu, quelques brèves indications qui permettent au lecteur de s’y reconnaître et de se guider.

Pourquoi nous avons été amenés à entreprendre ce dictionnaire ; comment nous l’avons conçu et exécuté et quelle en peut être l’utilité pratique ; enfin, quelle en est la doctrine : tels sont les points sur lesquels nous avons le devoir de nous expliquer.

I

Notre siècle pourrait s’appeler le siècle des dictionnaires. Dans tous les ordres d’idées, littérature, science, histoire, beaux-arts, politique, administration, les quarante dernières années en ont vu paraître une masse énorme. Le Dictionnaire de l’économie politique, publié sous la direction de MM. Guillaumin et Coquelin, a été l’un des premiers. C’était aussi l’un des meilleurs. Il a rendu d’immenses services. Mais dans presque toutes les branches des connaissances humaines, à côté de la science déjà constituée ou en voie de se constituer, — partie durable, sinon définitive, — il y a l’art, application à des réalités contingentes des lois abstraites de la science, et cette partie-là est essentiellement changeante. Dans le Dictionnaire de l’économie politique, cette partie avait rapidement vieilli, au point d’enlever à l’ouvrage une portion notable de son utilité.

C’est que de véritables révolutions économiques s’étaient accomplies presque au lendemain de son apparition. Il avait prononcé l’oraison funèbre du socialisme, et bientôt le socialisme renaissait et se répandait sur le monde entier ; il avait dénoncé les prohibitions et les droits protecteurs, et, peu après, un régime de liberté commerciale s’épanouissait — pour peu de temps, d’ailleurs, — par presque toute l’Europe ; il avait lutté contre l’État en faveur de l’Individu, et voici que l’État triomphait, tandis qu’entre l’Individu et l’État grandissait démesurément ce troisième pouvoir, annoncé par les Saints-Simoniens, l’Association.