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quel CÉRÉALES 359 CÉRÉALES

avite incessamment le prix courant, place dans les pays producteurs avec propriétaires

quel gravite incessamment le prix courant, et les propriétaires des terrains supérieurs obtiennent un surplus ou une rente (voyez ce mot). Si les besoins continuent à s’augmenter, l’importation demeurant défendue, le prix du blé ira croissant ; de nouvelles terres moins propres encore que les précédentes à la production des céréales seront mises en culture et la rente des autres continuera à s’élever. Mais est-il bien avantageux pour une nation de produire à grands frais des blés sur de mauvais terrains, au lieu d’acheter le supplément nécessaire à son approvisionnement dans les pays où ce supplément peut être produit à moins de frais ? Si l’importation demeuraitlibre,lanation réaliserait les bénéfices

suivants 1° les consommateurs payeraient le blé moins cher ; 2° les propriétaires des bonnes terres seraient obligés de faire des efforts, de réaliser des progrès pour soutenir la concurrence des céréales étrangères, tandis qu’ils peuvent parfaitement s’en tenir aux vieilles méthodes sous le régime de la défense d’importation en effet, leurs rentes s’accroissent toutes seules, sous ce régime, par le simple fait de l’augmentation du nombre des bouches à nourrir ; 3° les terrains impropres à la culture des céréales, que l’on consacre pourtant à cette culture, pourraient être employés à d’autres productions ; les capitaux etles bras, que la défense d’importation pousse artificiellement vers la culture des blés, serviraient à produire plus économiquement d’autres articles, lesquels seraient échangés contre les céréales cultivées sur les bonnes terres des pays à blé. La nation gagnerait la différence. En Angleterre, la suppression des corn laws a agi sensiblement sur les frais de production du blé. Depuis que les propriétaires des bonnes terres ont eu à lutter non plus seulement contre des concurrents placés dans de mauvaises conditions, mais encore contre les propriétaires des bonnes terres de la Russie, de l’Amérique et de l’Inde, ils ont été contraints d’améliorer leurs procédés agricoles, en un mot de faire progresser leur industrie pour soutenir avantageusement la lutte. Or, tout progrès se résout nécessairement en un abaissement des frais de production, et tout abaissement des frais de production amène une baisse équivalente du prix courant des céréales.

VI. RENSEIGNEMENTS STATISTIQUES SUR LA PRODUCTION ET LE COMMERCE

DES CÉRÉALES.

Quelques traits généraux peuvent être relevés dans le tableau de la production des céréales. Les États-Unis occupent la première ( G. DE MOLINARI.

place dans les pays producteurs avec une moyenne de 15 millions d’hectares et 160 millions d’hectolitres pour le blé. La culture dominante de ce pays est cependant celledu maïs,qui donne annuellement 700 millions d’hectolitres à elle seule, soit environ quatre fois plus que n’en produit le reste du monde. Et l’avoine y donne à peu près 250 millions d’hectolitres de grains. Le second rang appartient à la Russie qui récolte 260 millions d’hectolitres de seigle, 200 millions d’avoine et seulement 75 millions d’hectolitres de blé. La France, pays à céréales riches par excellence, eu égard à son étendue, vient ensuite ; elle récolte par an 113 millions d’hectolitres de blé, 90 millions d’hectolitres d’avoine, peu de seigle, de maïs ou d’orge. Pour l’Allemagne c’est le seigle, céréale des pays pauvres, qui y domine avec une production annuelle de 85 à 90 millions d’hectolitres contre 30 à 32 millions d’hectolitres de blé à peine. Il faut citer, en outre, l’lnde britannique qui cultive le blé depuis 1880 seulement en vue de l’exportation et qui en récolte annuellement 100 millions d’hectolitres en moyenne ; le Canada, l’Australasie, l’Argentine et le bassin du Danube hongrois et roumain dans lequel ce sont les céréales inférieures qui dominent.

On peut estimer la production totale des céréales dans le monde à une moyenne annuellede 3,200 millions d’hectolitres représentant, en francs, une valeur de 35 milliards environ ; le blé à lui seul figure pour 740 millions d’hectolitres et une valeur de près de 15 milliards. Dans ces chiffres, le riz n’est pas compris. Cette précieuse graminée a encore plus d’importance que le blé et le seigle réunis. C’est l’Asie qui le produit presque exclusivement. Les 750 millions d’habitants qui la peuplent consomment au moins 125 kilogrammes de riz par tête et par an, soit 1 milliard de quintaux en chiffres ronds.

Les pays à population clairsemée, à culture extensive, nouvellement exploités, ont prodigieusement développé leurs cultures de céréales ils y puisent leurs principaux éléments d’exportation : tels sont la Russie, la Hongrie, l’Amérique du Nord et l’Australie ; il faut ajouter l’Inde anglaise qui exporte aussi, mais il y a tout lieu de croire que ce n’est là qu’une phase transitoire. Les pays d’ancienne culture font de la production intensive, et c’est dans l’augmentation de leurs rendements qu’ils cherchent des compensations à l’absence de terres vacantes et à bon marché ; ce sont surtout la France, l’Angleterre, la Belgique.

Le premier groupe de ces pays constitue économiquement le grenier du monde, c’est celui qui offre qui fait la baisse sur les prix,