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des années de disette en vendant artificielles de valeur les disettes ne sont ainsi, lors des années de disette, en vendant à ses sujets le blé amassé pendant les années d’abondance, accaparer les trésors de ses sujets et le sol de son royaume. C’est le seul exemple que nous ayons de l’efficacité des greniers d’abondance. Il est certain que le remède a été pire que le mal, puisqu’il a mis, aux mains d’un seul, un pouvoir qui a eu la plus mauvaise influence sur le développement économique de l’Égypte. Le grenier d’abondance est une idée simple qui est venue tout d’abord à l’esprit de ceux qui cherchaient à épargner, dans les bonnes années, pour les mauvaises ; sa mise en pratique a toujours été impossible. La Convention même, qui ne reculait pas devant les mesures d’autorité, ne put faire mettre à exécution le décret du 9 août 1793 ordonnant la création d’un grenier d’abondance dans chaque district. Les procédés administratifs du ministre du pharaon, qui ne nous sont point parvenus, du reste, étaient probablement de facile application en ces époques reculées. Au siècle dernier, toutes les mesures et règlements concernant le commerce des grains échouèrent. En définitive, pour arriver à un résultat en matière de restriction de cette nature, il faudrait que l’État prit la complète direction de l’achat et de la distribution des céréales, ce qui est impraticable. La liberté, comme l’histoire nous le montre, est le seul moyen efficace à employer pour assurer l’approvisionnement.

Si l’on s’aperçut de bonne heure, en Égypte, des variations dans le rendement des récoltes, il n’en fut pas toujours ainsi, en France surtout, au XVIe et au XVIIe siècle. Malgré les famines et les disettes qui se succédèrent depuis la fin du règne de Louis XIV jusqu’à la fin de la Révolution, les hommes les plus remarquables et les mieux placés pour observer, Colbert, Vauban, Boisguilbert lui-même, crurent et écrivirent que la France produisait du blé beaucoup au delà de sa consommation. Les plus timides pensaient qu’une bonne récolte ordinaire suffisait à la consommation de deux années, d’autres qu’elle pouvait fournir des subsistances pour trois et quatre années. Un observateur attentif, Arthur Young, a exprimé dans son Voyage en France (1789), son étonnement des préjugés des pouvoirs publics sur ce sujet. Ces idées fausses, touchant la production de la France en blé, existent encore dans certaines campagnes, où les paysans croient, par tradition, qu’une récolte ordinaire peut fournir à la consommation de deux années.

Bien que les lois de douane entravent encore la circulation des produits et créent, malheureusement trop souvent, des hausses artificielles de valeur, les disettes ne sont plus à craindre dans les pays civilisés. Dans l’Inde et la Chine au contraire, les disettes et même les famines sont fréquentes. C’est que dans ces pays, les moyens de communication manquent ou sont mauvais, que le commerce n’existe pas ou est entravé, qu’il n’y a aucune sécurité pour les capitaux et les personnes. Et cependant, en ces contrées, le sol offre des ressources de toute sorte qui permettraient de nourrir facilement les nombreuses populations qui les habitent. Mais, là-bas, sur les bords du Gange et en Orient, existent des centaines de millions d’hommes qui croient encore et obéissent à ce précepte d’une religion antique « Il vaut mieuxêtre assis que debout, couché qu’assis, mort que vivant ». Sur les meilleurs terrains du monde, la famine est la conséquence naturelle de cette négation de l’activité humaine.

André Liesse.


ABONNEMENT. — V. Régie


ABORNEMENTS GÉNÉRAUX. — V. Cadastre, Morcellement, Réunions territoriales.


ABOUL FALZI ALLAMI, ministre et historien persan, né à Agrak (Hindoustan), en 1551, mort en 1602. Fils du savantissime Chaikh Moubarat, frère du poète Abou’l Faiz, il s’attira, dès 1574, l’amitié et les faveurs d’Akbar, le grand mogol, qui en fit son ministre, son historiographe et l’un de ses généraux. Selim, fils d’Akbar, révolté contre son père, fit assassiner à Narwar le ministre et le conseiller dont il craignait l’influence.

Tout en favorisant le mouvement des lettres auquel il prit une si grande part, Aboul a surtout laissé l’Akbar Nâmch, ou « Livre d’Akbar », en 3 volumes ; les 2 premiers contiennent l’histoire de Timour, le règne de Baber et 45 ans de celui d’Albar ; le 3e, plus connu sous le nom d’Ain i Akbari, ou « Miroir d’Akbar », est une description géographique, statistique et historique de l’Hindoustan, composée par l’ordre exprès et sous l’inspcction de cet empereur ; la quatorzième année de son règne, l’an 877 de l’hégire (1569-70 de l’ère chrétienne). Outre les règlements de l’empereur et l’histoire d’une partie de son règne, ce précieux document donne la statistique la plus étendue de l’Hindoustan, la description historique et géographique des douze soubaths ou gouvernements qui con.posaient alors cet empire, ainsi que le tableau des mœurs et usages religieux et civils des différents peuples qui l’habitaient. Il en existe une traduction anglaise par Gladwin (1783) mais cette traduction, qui n’a pas été