Page:Say - Chailley - Nouveau dictionnaire d’économie politique, tome 1.djvu/250

Cette page n’a pas encore été corrigée

BOURSE 228 BOURSE

Dans les Étrennes financières de 1729, auxquelles le beau portrait de Necker par Duplessis sert de frontispice, il y a un curieux chapitre sur la Bourse qui se termine par le détail historique de tous les effets négociés. La nomenclature n’est pas longue actions des Indes, billets d’emprunt d’octobre de 500 livres, les loteries royales de 1780 et 1783, les emprunts de 1782,1784,1785 et 1786, les lots viagers, la caisse d’escompte, les eaux de Paris. Elle est toutefois plus étendue que celle que donne le Journal des Débats du 24 vendémiaire an VI. Le 21 nivôse an VI, nous rencontrons le tiers consolidé 17 livres, bons 2/3, bons 3/4, bons 1/2.

En 1815, en dehors des changes et des matières d’or et d’argent, la cote de la Bourse de Paris ne présente que quatre ou cinq valeurs le 5 p. 100 consolidé, le 5 p. 100 nouveau, lesactions delaBanque,lesobligations du Trésor, les actions des Ponts ; A la fin de décembre 1830, nous trouvons trente-neuf valeurs, dont vingt-huit sont des titres français et onze des fonds étrangers. C’est peu de chose, mais la grande industrie entre en scène, l’association des capitaux permet de créer des chemins de fer, des usines métallurgiques, des entreprises de toute nature, en même temps que les pays étrangers viennent faire appel au crédit en France. Le 30 décembre 1848, la cote de la Bourse de Paris contient cent trente valeurs, trois cent soixante-dix-neuf à la fin de 1869, sept cent quatre-vingt-trois à la fin de 1883 etsept cent soixante-sept au début de 1888. Il faudrait y ajouter deux cents valeurs qui se négocient en banque sur le marché libre.

En 1789, la fortune mobilière de la France pouvait être estimée à huit ou dix milliards de francs, aujourd’hui la valeur des papiers de Bourse atteindrait, d’après M. Neymark, le chiffre énorme de 80 milliards, que M. de Foville réduit à 70 milliards, et, dans ce total majestueux, figurent 15 à 20 milliards de valeurs étrangères.

. Denrées et valeurs sur lesquelles on opère en Bourse.

La même évolution de laquelle sont sorties les Bourses financières, a modifié profondément la nature des marchés sur lesquels se trouvaient les principales denrées de consommation. De très bonne heure, sur les places qui faisaient le commerce d’exportation et notamment en Hollande, s’est

introduite l’habitude de traiter des affaires dont la liquidation devait se faire à une date plus ou moins éloignée. On vendait ou on achetait telle ou telle denrée qui devait arriver par mer ; ainsi, par exemple, Ricard dans )ans les Étrennes financières de 1729, aux- son livre sur le négoce d’Amsterdam elles le beau portrait de Necker par Du- 1720) nous explique le mécanisme des son livre sur le négoce d’Amsterdam (Rouen, 1720) nous explique le mécanisme des opérations à terme en poudre, salpêtre, café, cacao, cochenille, grains, etc. Peu à peu, à mesure que les communications sont devenues plus faciles et que les habitudes commerciales se sont perfectionnées, on a été amené à faire des affaires, non pas seulement en marchandises disponibles, mais encore en marchandises livrables à une date éloignée. On a vendu et acheté du blé de la prochaine récolte. Pendant longtemps les affaires se sont faites sur échantillons. Puis, au fur et à mesure que la production s’est développée, que pour certaines marchandises il s’est produit une uniformité de types ; on s’est accoutumé à l’adoption de qualités moyennes, sur la base desquelles les transactions ont été arrêtées. Les marchandises qui forment aujourd’hui l’objet des affaires de la Bourse de commerce sont celles qui possèdent ce trait distinctif d’exister en quantités considérables, d’être suffisamment semblables pour pouvoir être vendues et achetées par simple désignation de quantité et de qualité, de ne pas nécessiter la présentation d’échantillons, dontune partie en terme de commerce peut être substituée à une autre, et qui sont res fungibiles, quæ numero, pondere, mensura consistunt, constant, continentur, valent.

Dans cette catégorie on peut faire rentrer les céréales, les huiles, le café, le sucre, la farine, le pétrole, l’eau-de-vie, les métaux, la laine, la soie. Elles font l’objet d’une consommation courante, toute soumise aux fluctuations d’une production variable, par suite des circonstances naturelles ou des variations dans l’exploitation. Elles donnent lieu aux mêmes opérations que celles des Bourses financières achat au comptant, terme, prime (V. PRODUITS INTERNATIONAUX). Tandis que le cours des valeurs de Bourse est déterminé par une série de circonstances énumérées plus haut politiques, abondance des capitaux, etc., les fluctuactions aux Bourses de commerce dépendant davantage des besoins de la consommation, de l’approvisionnement existant surplace, des stocks visibles dans les centres d’approvisionnement et, dans les pays de production, enfin de l’aspect et du résultat des récoltes.

Afin de rendre possibles les transactions, le commerce a adopté toute une série de mesures destinées à assurer la régularité des opérations, la facilité des liquidations. Il a arrêté le poids, la qualité moyenne, la quantité minimun qui devait servir de base à ces opérations. Nous retrouvons ici la même différence entre l’organisation des Bourses continentales et des Bourses anglaises, c’est-