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gleterre BODIN 202 BODIN

gleterre renonça à la prétention de visiter les bâtiments américains et leva toutes les entraves qu’elle avait mises au commerce des États-Unis.

On le voit, si Napoléon, avec toute sa puissance militaire, n’avait pas réussi à faire taire les protestations soulevées par les décrets et à imposer le blocus continental, l’Angleterre, avec toutes ses flottes, avec toutes ses richesses et avec l’avantage de son insularité, ne réussit pas davantage à imposer le blocus maritime, elle y contrevint elle-même en instituant à son tour des licences. Ainsi ces deux blocus furent repoussés par les tiers après avoir été violés par leurs auteurs.

COBBBTT, Parliamentary Debates, t. X, XI, XII. Thiers, Histoire du consulat et de l’Empire. Edinburg Review, t. XI, XII, XIV, XIX.

BODIN (Jean), né à Angers en 1530, mort à Laon en 1596, jurisconsulte et publiciste. Il écrivit sa République en 1576, au lendemain de la Saint-Barthélemy et à la veille de la Ligue. Bodin n’est nullement un utopiste et combat les utopistes de son temps, notamment Thomas Morus. Sa République est un traité sur le gouvernement et la société, écrit au double point de vue de la monarchie et de la liberté ; il veut celle-ci en matière d’impôts, comme il réclame la tolérance en fait de religion ; la nécessité du consentement des sujets pour lever des subsides, et l’inaliénabilité du domaine royal lui paraissent

les principes fondamentaux de la liberté publique avec un domaine inaliénable, leprince n’est pas forcé de recourir sans cesse à l’argent du peuple et il n’est pas tenté de se passer de son consentement.

Engagé dans le parti qu’on appelle le parti politique, dans le parti de L’Hopital et de Pasquier, il soutint ces principes avec une grande énergie, ainsi que celui de la liberté religieuse, aux premiers États de Blois, où il fut envoyé, en 1576, comme député du tiers état de Vermandois. Bodin est un esprit réformateur, mais il combat les idées subversives, dans un temps où soit parmi les protestants, soit parmi les ligueurs, elles n’ont pas manqué il s’oppose chez les premiers aux idées de république féodale, et chez les seconds à la doctrine théologique du régicide. Il fait aussi la guerre aux principes politiques de Machiavel, en même temps que par les comparaisons établies entre les formes de gouvernement, par la théorie des climats et par la condamnation de l’esclavage, il doit être considéré comme le précurseur de Montesquieu. Aux idées les plus judicieuses et à renonça à la prétention de visiter l’esprit le plus indépendant il mêle des rêve-Bibliographie

l’esprit le plus indépendant il mêle des rêveries pythagoriciennes, et cette intelligence, une des plus éclairées et des plus hardies de l’époque, croit sincèrement aux sorciers et écrit la Démonomanie.

Au point de vue économique, la République, malgré toutes les erreurs inévitables qu’elle renferme, est ce qu’on pouvait écrire de plus sain et de plus judicieux au seizième siècle. Bodin met la famille et la propriété au-dessus du gouvernement. Dans ses premiers chapitres, il combat le communisme chez Platon, Morus et les anabaptistes son argumentation est vive et solide. Au dernier chapitre du livre Ier, il traite du droit de monnayage et des effigies des monnaies dans plusieurs pays. Le chapitre III du livre VI est consacré à discuter le « moyen d’empêcher que les monnaies soient altérées de prix ou falsifiées ». L’auteur y accuse vivement Philippe le Bel, « premier affaiblisseur de la monnaie » ; il décrit et compare les monnaies de la plupart des contrées de l’Europe. Toute altération des monnaies est dangereuse en ce qu’elle affecte la sùreté des contrats. Prenant pour principe que la valeur de l’or est â celle de l’argent dans la proportion à peu près constante de douze à un, il conseille de fabriquer des pièces de ces deux métaux ayant le même poids. L’alliage ne devrait pas excéder un vingt-quatrième. Il est à remarquer, d’ailleurs, qu’il combat le préjugé de la fixité absolue de la valeur de l’or et de l’argent relativement Fun à l’autre.

Dans le même livre, il examine les différentes sources de revenus. Parmi celles-ci, il blâme la vénalité des charges. Les différentes taxes sur les marchandises, c’est-à-dire les droits de douane et autres impôts sur les objets de consommation, forment une classe très importante de revenus à ses yeux. Ici, Bodin conseille d’alléger les droits d’entrée sur les articles dont le peuple ne peut guère se passer, mais de les faire peser sur les produits manufacturés, afin de forcer le peuple à cultiver lui-même les industries. Il veut le moins possible d’impôts directs. Il demande un impôt sur les objets de luxe et sur le revenu. Il se plaint que l’impôt porte exclusivementsur le peuple, et non sur la noblesse et le clergé. Ses idées sur les monnaies se trouvent plus au long dans un ouvrage de lui Sur les monnaies et sur le renchérissement de toutes choses, avec de curieux details sur les variations des prix aux quinzième et seizième siècles, et avec une vue déjà nette de la liberté du commerce, dont il se déclare partisan. Voici les livres de Bodin où il est question de sujets économiques

La République, publiée à Paris en 1576, in-8.