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changé complètement, depuis 1870 à peu près, avec les progrès de la chimie agronomique. Le bétail était surtout un producteur du fumier nécessaire pour la culture intensive, suivant les types désormais classiques des fermes de Roville, Bechelbronn et Grignon ; aujourd’hui le bétail est rentré dans son vrai rôle, il est un but et non un moyen le fumier ne doit plus être que le complément des engrais industriels [V. CULTURE (Systèmes de)]. 1. Classification.

Dans les conditions ordinaires de la culture, on divise les animaux tenus sur la ferme en bétail de trait et bétail de rente. Le bétail de trait comprend tous les animaux qui sont attelés aux instruments de culture et aident aux travaux de l’exploitation, chevaux, bœufs, mulets, etc. Le bétail de rente est celui qui est habituellement entretenu pour fournir des produits directs et non du travail. Cette classification, très usitée dans la pratique, n’a guère que le mérite de la clarté ; son utilité est contestable, car elle manque beaucoup de précision.

Il comprend des animaux des races chevaline, asine et mulassière et de la race bovine. Mais la spécialisation absolue des bêtes bovines perd de jour en jour toute son importance, même dans les fermes les mieux organisées. Le but poursuivi aujourd’hui de plus en plus parla culture est la gratuité du travail des animaux ; on y tend par des pratiques très diverses suivant les régions et les cultures dominantes. Le nord de la France achète des animaux au moment des grands travaux, les engraisse avec la pulpe des betteraves traitées par la sucrerie et les vend à la fin de la campagne annuelle pour la boucherie. Autour de Paris, les chevaux, percherons surtout, sont souvent achetés jeunes dans les régions de production, ils sont bien traités, ménagés avec soin, mais travaillent à la culture, sans qu’on leur demande d’ailleurs de grands efforts, puis, vers quatre ans, ils sont revendus comme animaux de trait à l’industrie. Les omnibus de Paris recrutent une bonne partie de leurs effectifs dans ces conditions. Ces spéculations, et d’autres encore, donnent des résultats appréciables ; on les généralise le plus possible. D’autre part, le bétail soumis à ces renouvellements annuels ou périodiques devient assimilable en quelque sorte aux semences et se classe dans le capital circulant.

Le bétail entretenu sur la ferme n’a d’ailleurs pas perdu encore son importance comme producteur d’engrais.

. Bétail de trait.

Le fumier est toujours considéré,avec juste raison, comme l’un des facteurs importants de la production agricole. Pour beaucoup trop d’agriculteurs même il est le seul engrais usité en pratique, l’emploi judicieux des engrais industriels exigeant des connaissances techniques qui sont encore bien loin d’être vulgarisées.

. Bétail de rente.

En dehors de cette double fonction qui lui est dévolue, fournir le travail et produire du fumier, le bétail est, dans l’exploitation agricole, l’objet de spéculations multiples et variées qui font classer les animaux qui en fournissent les bases dans la catégorie des animaux de rente. Ces spéculations sont essentiellement dépendantes du milieu, climat,

cultures et capitaux ; elles sont différentes aussi suivant les espèces que ce milieu permet d’entretenir avec le plus de profit ; une entente parfaite des meilleures méthodes zootechniques devient indispensable pour leur faire donner tout ce qu’elles peuvent produire. Les races bovine, ovine et porcine sont destinées à la production de la viande ; la vache, la chèvre et quelquefois la brebis donnent leur lait ; la race ovine fournit sa laine. D’autres productions sont visées par les spéculations animales l’autruche, par exemple, aujourd’hui domestiquée au Cap de Bonne-Espérance, fait l’objet d’une exploitation régulière pour sa plume. En Algérie, cette même industrie a été introduite, mais elle n’y obtient pas des résultats aussi avantageux qu’au sud de l’Afrique.

Dans l’exploitation du bétail, plus encore que dans l’exploitation du sol, tes améliorations sont lentes et nécessitent un grand esprit de suite. La sélection des meilleurs animaux, dans certains cas le croisement ou la consaguinité, l’alimentation, l’hygiène sont autant de questions à résoudre et dont la solution s’impose pour pouvoir réaliser des améliorations d’une portée réelle. Plus spécialement économiques sont celles qui dérivent du milieu. Quelles espèces doit-on entretenir

? Faut-il faire de l’élevage ? Vaut-il mieux 

se borner à l’engraissement ? Est-il avantageux de se livrer à l’industrie de la laiterie ? Dans quelles conditions la production de la laine pourra-elle être considérée comme lucrative ? Bien que la solution de ces questions soit exclusivement du domaine de l’économie rurale, nous ne pouvons les débattre ici avec toute l’ampleur qu’elles comporteraient et nous devons nous borner à les signaler. Chaque cas particulier de l’exploitation agricole peut, en effet, comporter une solution différente.