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BÉTAIL 191 BÉTAIL

BÉTAIL.

I. LE BÉTAIL ET L’AGRICULTURE. II. ROLE ÉCONOMIQUE DU BÉTAIL. . Classification.

. Bétail de trait.

. Bétail de rente.

In. RENSEIGNEMENTS GÉNÉRAUX SUR LE BÉTAIL FRANÇAIS.

. Effectifs.

. Produits.

IV. CONSOMMATION DE LA VIANDE. Bibliographie.

I. LE BÉTAIL ET L’AGRICULTURE. Au point de vue économique, on peut définir le bétail l’ensemble des animaux qui font partie de l’exploitation agricole. Sous ce titre général on comprend toutes les espèces qui ont une place quelconque à la ferme, le cheval, l’âne et le mulet, le boeuf, le mouton, la chèvre, le porc. On doit y ajouter, à titre exceptionnel, l’autruche, le buffle, le renne, le chameau et l’éléphant. D’autres animaux en font aussi partie, mais ils ne sont ordinairement pas visés lorsqu’on parle du bétail en général ; tels sont les volailles, les lapins, les vers à soie, les abeilles.

Dans une industrie où la machine à vapeur n’a pris encore qu’une place infime par suite de l’extrême division des efforts à faire, les animaux sont restés les principaux moteurs. Le bétail donne d’ailleurs les produits les plus divers, de la viande, du lait, de la laine, les engrais, outre sa peau, qui est une matière première très précieuse pour l’industrie.

Nous n’avons pas à insister ici sur le rôle important qu’a joué le bétail au début de notre civilisation ; il fut la première commune mesure de la valeur et servit longtemps de monnaie. (V. MONNAIE.) On ne saurait non plus faire un historique de cet élément important de la fortune publique, les données faisant souvent défaut. Mais on doit, avec Roscher, constater la variabilité de son importance avec l’évolution de l’agriculture. Au début, chez les peuples pasteurs, le bétail est très abondant, les troupeaux paissent sur les terrains d’exploitation que la famille ou la, tribu ont choisis pour leurs campements ; la, culture proprement dite n’existe pas encore ou n’existe qu’exceptionnellement et transitoirement ; la consommation de la viande est assez considérable. Ce régime, qui se trouve longuement décrit dans l’Ancien Testament, est encore celui qui persiste sur le plateau central de l’Asie et dans la. civilisation arabe. Plus tard, la culture de la terre vient peu à peu diminuer l’étendue des pâturages ; le bétail perd graduellement SOMMAIRE son importance et la consommation de SOMMAIRE

pâturages ; le bétail perd graduellement de son importance et la consommation de la viande diminue ; celle des céréales prend sa place. Ce n’est qu’avec les systèmes de culture élevés que le bétail reprend son importance primitive. Onpeut inférer de cette évolution que l’alimentation des hommes dépend étroitement des lois naturelles qui régissent la civilisation elle-même.

Il est possible d’induire de la petite quantité de renseignements, qu’on possède à cet égard que les animaux domestiques furent rares durant les périodes historiques antérieures à la Révolution. La consommation de la viande, tous les documents en font foi ; était très restreinte. De plus, les membres de la noblesse seuls montaient à cheval. En 1774, Turgot voulant réorganiser les postes ne put trouver personne pour entreprendre la fourniture de 5,800 chevaux ; les maquignons lesplus expérimentés ne croyant pas pouvoir en réunir en France un aussi grand nombre. Les moutons paraissent s’être multipliés dans notre pays surtout après la Révolution. Quant aux porcs, ils paraissent avoir été nombreux dans la Gaule romaine ; la loi salique ne contient pas moins de dix-neuf articles relatifs aux vols commis dans les troupeaux de ces animaux répandus dans les bois. D’après les statistiques de Lavoisier, le bétail français comprenait au total 33,127,000 têtes en 1789. Dans ce nombre 6 p. 100 représentaient les moutons, 22 centièmes les bêtes à corne, 12 centièmes les moutons et 6 centièmes les porcs.

II. ROLE ÉCONOMIQUE DU BÉTAIL. La richesse d’un pays en animaux domestiques est en fonction de l’intensité de sa production fourragère. Sous l’influence de la révolution agricole effectuée en Grande-Bretagne dans le siècle écoulé, et qui a eu pour effet de transformer cette contrée en pays d’élevage et d’engraissement, on en était venu à considérer comme un but à poursuivre incessamment l’augmentation du bétail entretenu par l’agriculture ; on avait même fixé à 500 kilogrammes par hectare cultivé le poids vivant qui représentait l’idéal théorique à réaliser par les systèmes de culture les plus intensifs. On est revenu aujourd’hui à des principes moins absolus et on reconnaît que le bétail, comme toute autre production, doit être subordonné au milieu. Le but à viser est le maximum de produit brut, de quelque nature qu’il soit, avec des prix de revient aussi bas que possible, et non l’extension des cultures fourragères à l’encontre même des lois économiques. Les conditions d’une bonne agriculture ont