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BERKELEY 187 BERTIN

our les soies brochées, les dentelles, des recommandations sur l’usage du g d’argentpourles soies brochées, les dentelles, la tapisserie, si elles n’avaient des académies de dessin ? »

Berkeley indique comment, à peu de frais, on pourrait établir en Irlande des écoles de dessin. « C’est par l’art que l’on peut donner le plus grand prix à des matériaux de peu de valeur. Ne vaut-il pas mieux chercher des voies nouvelles, que nous croiser les bras et nous plaindre de ne pouvoir fabriquer des lainages ? »

Puisque le commerce extérieur est interdit, pourquoi ne pas développer le commerce intérieur ? Berkeley énumère les industries que l’Irlande pourrait adopter, papier, chapeaux, porcelaines. Ne pourrait-on tirer un meilleur parti des ressources agricoles

? Cultiver le chanvre et le lin ? Avec 

ses pâturages et ses bestiaux, pourquoi l’Irlande ne fait-elle pas des fromages ? Et pourquoi cette jalousie entre les manufactures du nord de l’Irlande et celles du sud ?

« Une vie confortable ne produit-elle pas des besoins, les besoins ne créent-ils pas l’industrie, et l’industrie la richesse ? » Berkeley revient plus d’une fois sur cette vérité. Après avoir signalé à ses concitoyens ce qu’il fallait faire pour accroître le bienêtre, il chercha à mettre ses préceptes en pratique. Il encouragea à Cloyne les industries locales. Il créa une école industrielle et fit enseigner aux enfants à filer. Il payait le travail et encourageait les élèves à dépenser leurs gains en vêtements et autres objets nécessaires. Il fit construire un workhousepour les vagabonds et leur trouva de l’occupation. Il faisait vendre du lin et du chanvre de meilleure qualité, pour en distribuer les graines dans le pays.

Il avait attaqué dans le Querist le luxe exagéré et il prêchait d’exemple. Il s’adressait au clergé catholique pour obtenir son concours dans sa guerre contre la paresse et le découragement (1749) et sonappelfut accueilli avec enthousiasme par les prêtres, qui n’étaient guère habitués à voir de hauts dignitaires de l’église établie les traiter avec égard. Berkeley avait appris en Amérique à se servir du goudron comme médicament. Il en avait éprouvé un tel soulagement qu’il en recommanda l’usage en Irlande. Le succès lui parut si décisif qu’avec son ardeur caractéristique il se mit à vanter les vertus du goudron. Il établit chez lui un appareil pour le fabriquer, il le fit prendre à sa famille et à ses amis. Dans ses derniers écrits, Siris, lettres sur l’utilité du goudron (1747), Dernières pensées sur les bienfaits du goudron, il expose le résultat de ses observations médicales, fait des recommandations sur l’usage du goudron et mêle le tout de développements philosophiques. La mort d’un fils favori, celle de son meilleur ami, Prior, assombrirent ses dernières années. Le séjour de Cloyne lui devint insupportable. Il voulut échanger son évêché

contre une retraite à Oxford. Le roi déclara que Berkeley pouvait vivre où il lui plairait, mais qu’il resterait évêque.

Berkeley vint mourir à Oxford le 14 janvier 1753.

Le professeur Fraser a publié une édition complète des œuvres de Berkeley en 4 vol. (1871). Il a ajouté une biographie très circonstanciée. J.-S. Mill a écrit une étude sur Berkeley. Huxley s’occupe de lui dans ses Critiques et adresses. M. Lecky, dans son Histoire d’Angleterre au XVIIIe siècle, signale l’intérêt du Querist au point de vue historique et économique, M. Leslie Stephen a écrit une intéressante vie de Berkeley dans son dictionnaire biographique.

SOPHIE RAFFALOWICH.

BERTIN (Henri-Léonard), né en 1719 dans le Périgord, mort en 1792, membre et président du grand conseil du roi. Intendant du Roussillon et du Lyonnais, lieutenant général de la police à Paris, contrôleur général des finances de 1759 à 1763. ministre d’État t chargé du département de l’industrie, et de e l’agriculture de 1763 jusqu’en 1781 ; avec une r très courte interruption, collègue de Turgot et son ami, Bertin a puissamment aidé au r mouvement économique qui s’est produit en France avec tant d’éclat pendant la seconde moitié du XVIIIe siècle.

Il a été lié avec les maîtres de l’école physiocratique et avec tous les grands agronomes de son temps. Il a vécu familièrement avec u Quesnay, Gournay, les Trudaine, Turgot, Malesherbes, Turbilly, Parmentier, Lavoisier. i- Son esprit était très curieux et très cultivé. Il a été membre honoraire de l’Académie it des inscriptions et belles-lettres. Il aimait les le choses nouvelles et l’injustice le révoltait. C’était un réformateur ; mais, timidité ou prudence, il procédait avec des ménagements qu’on a parfois trouvés excessifs. Il reprochait souvent à Turgot d’attaquer trop de face les préjugés populaires. Il voulait qu’on é- tournât les difficultés. « Vous ne pouvez pas, u- disait-il à Turgot, vous empêcher de jouer le le rôle de dentiste ; soit, mais autant que vous à le pourrez ayez l’air, sinon de tourner le dos à votre but, du moins d’y marcher à pas très lents ». Il était fort bien avec madame de se Pompadour à la fin du règne de Louis XV et faisait sa cour à Marie-Antoinette au com-