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BENOISTON (DE CHATEAUNEUF) 181 BENTHAM la chaire d’économie politique à Milan, à la- qu’elles étaient en 1789. Lu à l’Académie des quelle l’avait appelé, en i768, le gouverneur sciences le 11 janvier 1819. Paris, 1821, in-8. autrichien de la Lombardie comte Firmiani Consommation industrie Paris 1821 in-8 la chaire d’économie politique à Milan, à laquelle l’avait appelé, en 1768, le gouverneur autrichien de la Lombardie, comte Firmiani, protecteur éclairé des sciences. Il futlié avec Verri, Filangieri et plusieurs économistes français, dont il était le digne émule. Selon J.-B. Say, il a analysé le premier les fonctions des capitaux, et remarqué les avantages de la division du travail, dont il est loin pourtant d’avoir aperçu toutes les conséquences.

Comme la plupart des économistes de son temps, qui ne s’appuyaient pas encore sur un corps de doctrine déjà formé, Beccaria mêle quelquefois à des principes très sains des erreurs graves. C’est ainsi qu’il a pu écrire, dans son Traité des délits et despeines, ces malheureuses paroles, qu’on est étonné de rencontrer en si bon lieu « Le droit de propriété, droit terrible, et qui n’est peutêtre pas nécessaire. » Paroles d’autant plus étranges qu’il déclare lui-même, dans le chapitre IV de cet ouvrage, « que le but de la réunion des hommes en société a été de jouir de la sûreté de leurs personnes et de leurs biens ».

Ses écrits économiques sont Du désordre des monnaies dans l’État de Milan, et des moyens d’y remédier, 1762). Discours sur le commerce et l’administration publique. (C’est le discours d’introduction au cours professé à Milan.) « Ce discours, dit M. Mac Culloch, n’est digne de l’auteur, ni du sujet auquel il servait d’introduction ; c’est, en vérité, un très pauvre ouvrage. » Au contraire, l’ouvrage Élementi di economia pubblica, publié pour la première fois en 1804, dans la Collection des économistes italiens de Custodi, puis à Milan, en 1821, renferme quelques vérités neuves relativement au temps où il fut écrit (probablement en 1768 ou 1769).

BENOISTON DE CHATEAUNEUF (LouisFrançois), économiste et statisticien. Né à Paris le 23 mars 1776, mort le 16 mai 1856 ; cousin-germain de Dupont de Nemours, quelques années chirurgien militaire, il entra en 1810 au ministère du Trésor et y resta jusqu’en 1833. A cette date, il devint membre libre de l’Académie des sciences morales et politiques et se consacra uniquement à des études historiques, littéraires et statistiques. Il avait débuté, en 1811, par des fantaisies littéraires sans importance. Le célèbre Poisson le décida à se vouer à la statistique, sujet qu’il a traité sous toutes les formes et dans un nombre important de Mémoires. Citons les principaux

Recherches sur les consommations de tout genre de la ville de Paris en 1817, comparées à ce qu’elles étaient en 1789. Lu à l’Académie des r sciences le 11 janvier 1819. Paris, 1821, in-8. Consommation, industrie. Paris, 1821, in-8. Considérations sur les enfants trouvés dans les s principaux États de l’Europe. Paris, 1824. De la colonisation des condamnés, et de l’avantage qu’il y aurait pour la France à adopter cette mesure. Paris, 1827. De la fécondité t en Europe au commencement du XIXe siècle s Sur la durée de la vie chez les savants et les gens de lettres ; Sur la durée des familles noblesde France ; Sur la longévité des académiciens ; Sur la durée de la vie humaine en Europe, etc. E. R.

BENTHAM (Jérémy Bentham), né à Houndsditch le 15 février 1748, mort le 6 juin 1832. Après des succès brillants à l’école de Westminster, puis à Oxford, il étudia le droit. Mais à mesure qu’il se rendait compte de la législation de son pays, il était frappé des contradictions et des iniquités qu’elle comportait. Il se révoltait de plus en plus contre la prétendue perfection de la constitution anglaise ; mais c’était alors une croyance universelle.

Aux premiers clients qui s’adressèrent à lui, il conseilla de s’arranger à l’amiable. Il renonça au barreau pour examiner plus attentivement la législation et les réformes qui lui paraissaient indispensables. Il publia en 1776 d’une façon anonyme le Fragment sur le gouvernement. C’est une brillante discussion des commentaires de Blackstone. L’auteur attaque vivement les doctrines acceptées en jurisprudence et en philosophie. « Ce fut la première publication qui invitàt les hommes à s’affranchir de l’autorité et de la sagesse des ancêtres sur le terrain légal. »

On attribua le Fragment aux plus grands écrivains de l’époque, mais quand on sut que c’élait l’œuvre d’un inconnu, on n’en par la plus.

Bentham s’absorba de plus en plus dans ses travaux et, pendant des années, il accumula les matériaux, il recherchait les limites de la législation, les abus qu’elle présentait, les remèdes à y apporter.

« Dès qu’il eut trouvé les grandes divisions, les grandes classifications des lois, il ernbrassa la législation dans son ensemble et conçut le vaste projet de la traiter dans toutes ses parties. Il la considéra moins comme composée d’ouvrages que comme formant un ouvrage unique. Il avait sous les yeux la carte générale de la science et avait formé sur ce modèle les cartes particulières de tous ses départements ; aussi le caractère le plus frappant de ses écrits, c’est leur parfaite concor-