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édit des diverses maisons de banque est à la fois par les emprunteurs qui La banque libre, p. 71 et 73. i. Le crédit et les banques d’émission, p. 45. I. 11

le crédit des diverses maisons de banque est bien engagé de l’une dans l’autre, et en quelque sorte solidaire par des acceptations réciproques, il n’y a plus moyen de s’arrêter, il faut aller jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à ce que la crise éclate, sauf à chacun à se débrouiller ensuite comme il pourra 1. » M. Courcelle-Seneuil a fait deux observations non moins justes. « Si les banques d’émission libres, a-t-il dit, étaient la cause des crises commerciales, il n’y aurait pas de crises semblables sur les marchés où règne le monopole comme Londres et Paris ; il y en aurait bien moins encore sur les marchés où il n’y a pas de banques d’émission comme Hambourg. Eh bien l’expérience et la notoriété publique nous enseignent qu’il y a des crises commerciales à Londres et à Hambourg tout comme à Boston ou à Glascow. » —«Où doivent se manifester les crises les plus fréquentes et les plus fortes ? Sur les marchés où le crédit est le plus développé et où l’on gagne le plus. En effet, là où les engagements de crédit sont le plus nombreux, il y a plus .de chances pour qu’une erreur cause un grand nombre de pertes ; là où l’on gagne beaucoup, on est plus hardi on est d’ailleurs amené à donner aux hommes et aux capitaux de nouveaux emplois dans lesquels l’erreur est plus facile que dans les emplois de routine. Voilà pourquoi il y a plus de crises aux Etats-Unis qu’en Europe, et plus de crises sur les grands marchés d’Europe que sur les petits. Les banques n’y sont pour rien, ou n’y contribuent qu’indirectement comme un instrument de crédit. Il n’est pas nécessaire pour cela qu’elles émettent des billets il suffit qu’elles reçoivent des fonds en dépôt et les placent, qu’elles fassent des virements et, en un mot, les opérations sur lesquelles ne s’élève aucune critique 2. »

Effectivement, l’abus du créditpar les dépôts en compte courant et parles placements peut, en dehors de l’émission des billets au por teur, jeter le trouble dans la circulation des instruments d’échange et occasionner des désastres. « Supposons, a dit Victor Bonnet, qu’il y ait une masse de capitaux en comptescourants qui ne sont pas disponibles et qui cependant sont employés comme s’ils l’étaient par les banques qui les reçoivent ; cela fait naître des illusions sur l’état réel des ressources on développe les affaires en conséquence, et à un moment donné, lorsque, par suite du découvert considérable dans lequel on est engagé, le capital devient rare, les banques se trouvent pressées de deux côtés 1. Victor Bonnet, le Crédit et les banques, d’émission, p. 59.

. La banque libre, p. 71 et 73.

st à la fois par les emprunteurs qui demandent la continuation des mêmes crédits et le reénouvellement de leurs engagements, et par r, les déposants qui réclament leurs dépôts et qui les réclament avec d’autant plus d’instance que le capital est plus rechercher1. » Tout bien considéré, les crises ne sont pas causées précisément par des émissions excessives de billets au porteur et ne sont pas es moins à redouter avec des banques uniques le qu’avec des banques multiples. Lorsque les le fonctions productives sont surexcitées et y qu’aux affaires régulières viennent se mêler des entreprises trop aventureuses, les banle ques suivent ce mouvement par la raison toute naturelle qu’elles y trouvent du profit ; elles le facilitent par des escomptes et par des avances tant qu’elles en ont le moyen, ut quand elles voient leur encaisse baisser sous l’influence du change qui devient défavorable, elles restreignent ou arrêtent leur crédit. En général, elles reçoivent ts l’impulsion plutôt qu’elles ne la donnent ; elles transmettent le mouvement plutôt n qu’elles ne l’impriment. Qu’elles soient uniques ou multiples, elles ne sont pas plus responsables des crises que les autres, ni plus i- capables de les prévenir ; leur sort est de s’y trouver engagées en plein dans le début et de e subir les effets de lafluctuation des échanges plus que les autres établissements de commerce. u 18. Réglementation de la pluralité des banques. n Nous arrivons au système qui consiste à e donner à toutes les maisons ou sociétés de il banque la faculté d’émettre des billets auport teur et à vue sous des conditions propres à en empêcher l’abus. Nous avons indiqué plus e haut, les idées générales qui ont été émises à ce sujet ; voici maintenant les mesures pros posées en détail.

La première mesure qui s’est présentée à l’esprit assez naturellement, a été de fixer un maximum au delà duquel il serait interdit d’émettre des billets. Point de doute qu’il ne soit sage de prendre ce parti lorsqu’un paysale malheur d’être réduit à donnercours i forcé aux billets de banque tout le monde t en convient. Dans l’ordre de choses ordinaire, t une pareille limitation ne s’explique ni ne se justifie d’une manière aussi satisfaisante. En Angleterre, Robert Peel a fait passer la loi de 1844 qui autorise la Banque d’Angleterre à émettre des billets au porteur seules ment jusqu’à concurrence de la somme que l’État doit à cet établissement ; au delà, tout billet émis doit avoir son équivalent en mé- . Le crédit et les banques d’émission, p. 45.