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duits mêmes produits à meilleur quelque peu ses précautions et à repousser trop facilement peut-être tout ce qui ne lui duits, ou les mêmes produits à meilleur marché. Mais une banque ne produit pas tr elle aide seulement au mouvement et aux pl combinaisons du capital producteur1.» » Li Voilà du sophisme si les banques aident CE au mouvement du capital producteur, elles créent de l’utilité et de la valeur comme la ai production directe et elles font acte de tr commerce en achetant et en vendant des el titres de crédit, elles mettent le crédit à la q disposition du commerce de même que les q commerçants y mettent des marchandises ; b qu’elles fonctionnent avec ou sans émission de billets, elles font toujours le même genre p de commerce.

« Le but, disait ensuite Rossi, est-il un eseompte plus facile et à. meilleur prix ? Là v précisément est le péril. Une banque, bien r qu’elle n’ait pas de rivales, n’a aucun intérêt q à refuser, contre de bonnes valeurs, l’émis- c sion d’un morceau de papier qui lui coûte quatre ou cinq décimes et lui rapporte un d intérêt de trois ou quatre pour cent au moins. Dire que de nouvelles banques feront des prêts, des escomptes que la première refu- 1 sait, c’est dire que les nouvelles banques s agiront légèrement, qu’elles accorderaient leur garantie à des hommes qui ne devraient 1 pas obtenir le crédit qu’ils demandent. » Ce i raisonnement porte à faux. L’escompte est une opération indépendante de l’émission des billets au porteur et permise à tous comme le prêt à intérêt.

Lors même que l’émission est monopolisée, il existe plus ou moins d’établissements de crédit qui font l’escompte et qui, grâce à la liberté dont ils jouissent, peuvent souvent escompter des effets de commerce à plus bas prix que la banque privilégiée. Or, rien n’autorise à croire que ces effets ne puissent valoir autant que ceux qu’accepte la banque privilégiée, ni que les banques libres soient généralement assez inconsidérées pour en accepter de toutes mains sans regarder à quoi elles s’engagent.

De la façon dont Rossi raisonnait, il conviendrait de monopoliser l’escompte aussi bien que l’émission. Son parti pris l’entraînait trop loin ; il le sentit et il ajouta ceci « On peut admettre qu’avec le défaut de concurrence l’abaissement naturel du taux de l’escompte se realisera moins promptement que si le stimulant de la concurrence existait comme on peut supposer que dans le choix de ses emprunteurs et dans le mouvement des affaires, une banque unique, ne pouvant jamais manquer de travail et de profits, est naturellement portée à exagérer 1. Rapport à la Chambre des Pairs, 1840. quelque peu ses précautions et à repousser trop facilement peut-être tout ce qui ne lui paraît pas à l’abri du plus léger soupçon. La concurrence prévient toute sévérité excessive. Mais, poursuivait Rossi en, reprenant sa thèse, ces faibles et problématiques avantages de la concurrence peuvent-ils entrer en balance avec tous ses inconvénients et tous ses dangers ? Citons-en un dernier, qui est la fàcheuse impulsion à mal faire que des banques inconsidérées donnent aux banques sensées. Comment ne pas abaisser le tauxde l’escompte au-dessous des limites de la prudence, comment apporter une investigation scrupuleuse dans le choix des débiteurs, lorsque des banques rivales vous enlèvent votre clientèle naturelle ? La libre concurrence en matière de banque est un danger que ne peuvent tolérer les lois d’un peuple civilisé. Autant vaudrait permettre au premier venu d’établir au milieu de nos cités des débits de poisons, des fabriques de poudre à canon 1 »

Rossi se laissait emporter par l’impression pénible produite par les crises et les désastres dont l’Angleterre et les États-Unis avaient été affligés en 1825 et en 1836. Au lieu de se passionner ainsi, n’eût-il pas mieux valu étudier de sang-froid ces événements comme l’ont fait d’autres économistes qui en ont constaté les véritables causes ? Adam Smith, loin de répudier la concurrence comme un fléau, la considérait comme inoffensive et même comme utile moyennant deux mesures de précaution à prendre, à savoir empêcher d’émettre des billets audessous d’une certaine coupure, et obliger les banques à acquitter ces billets à l’instant de la présentation, « On peut après cela, disait-il, sans craindre de compromettre la sûreté générale, laisser à leur commerce, à tous autres égards, la plus grande liberté possible. La multiplication récente de compagnies de banque dans toutes les parties des trois royaumes, événement qui a si fort alarmé beaucoup de gens, bien loin de diminuer la sûreté du public, ne fait que l’augmenter. Elle oblige tous ces banquiers à mettre plus de circonspection dans leur conduite elle les empêche d’étendre leur émission de billets au delà de la proportion que comporte l’état de leur caisse, afin de se tenir en garde contre le reflux de papier que leur suscite malicieusement la rivalité de tant de concurrents prêts à leur nuire ; elle circonscrit la circulation de chaque compagnie dans un cercle plus étroit et elle restreint leurs billets circulants à un plus petit i. Rapport à la Chambre des Pairs, 1840.