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ndue ou exportée. Dans cette situation, avoir trop ou mal placé, mais non po ché peut faire la même somme d’é émis trop de billets être fondue ou exportée. Dans cette situation, le marché peut faire la même somme d’échanges qu’auparavant, puisqu’il a la même somme de monnaie et il jouit en outre de toute la valeur de la monnaie métallique fondue ou exportée.

« Il est possible qu’arrivée au point d’avoir remplacé par ses billets la presque totalité de la monnaie métallique, la banque veuille ajouter encore à ses émissions ; le pourra-telle

? Dès que la somme des billets en circulation 

excédera celle de la monnaie métallique, laquelle suffisait aux échanges, la monnaie de papier excédera les besoins et sa valeur baissera. Que faire alors ? On ne peut ni la fondre ni l’exporter, mais on peut l’échanger contre de la monnaie métallique

susceptible d’être fondue ou exportée ; on vient donc demander à la banque le payement de ses billets ; et à mesure qu’ils sortent par une caisse, ils sont présentés à l’autre, par la force des choses et lors même que la confiance du public pour la banque resterait entière. On peut donc affirmer cette proposition qu’une banque de circulation ne peut jamais, quelques efforts qu’elle fasse et quelque confiance qu’elle inspire au public, émettre trop de billets 1. »

Il est vrai que plusieurs fois en Angleterre et aux Etats-Unis des banques plus ou moins nombreuses se sont trouvées dans l’impossibilité de rembourser les billets qu’elles avaient émis mais ce n’était pas parce qu’elles en avaient émis trop ; c’était parce qu’elles n’avaient pas usé sagement de leurs émissions, différence que M. Courcelle-Seneuil a encore expliquée en ces termes « L’exactitude du payement des billets de banque dépend directement de la nature du placement des capitaux obtenus des émissions et non de la somme des billets émis, ni du rapport de cette somme à celle de l’encaisse métallique. Les émissions de billets procurent aux banques, sans intérêt, des capitaux qu’elles peuvent placer à intérêt, mais que le public peut réclamer d’un instant à l’autre. Le bénéfice de ces émissions est d’autant plus grand que les banques peuvent conserver en caisse une somme moindre de monnaie métallique et que les capitaux sont placés à un intérêt plus élevé. Il est donc naturel que les banques soient toujours tentées de placer la plus forte somme possible et au plus haut intérêt possible ; elles ne sont retenues sur cette pente que par la nécessité de payer exactement leurs billets, et il leur est facile de se laisser entraîner, de se mettre hors d’état de remplir leurs engagements, pour 1. Traité d’économie politique, t. II, p. 334. avoir trop ou mal placé, mais non pour avoir émis trop de billets 1 ».

Stuart Mill aussi s’est élevé contre le préjugé dont il s’agit. « Ily abien des personnes, a-t-il dit, qui croient que les banques de circulation ont la faculté de répandre à volonté des billets. Ces personnes ont commis des erreurs de fait et de chronologie qui seraient presque incroyables,si un homme d’une grande autorité pratique, M. Tooke, n’avait pris la peine de les réfuter par un excellent travail historique (A history of prices, etc.). Le résultat de ses recherches a été résumé ainsi qu’il suit devant la commission d’enquête de 1832. « En fait et historiquement, dans les limites de mes recherches, dans tous les cas de hausse ou de baisse des prix, la hausse ou la baisse a précédé l’accroissement ou la diminution des émissions de billets et n’a pu être causée par cet accroissement ou cette diminution 2». Adam Smith s’est écarté du vrai quand il a supposé des banques émettant subitement des billets pour un million sterling au moment même où « la masse d’argent circulant dans le pays monte à un million et suffit pour faire circuler la totalité du produit annuel des terres et du travail. Ce produit, disait-il, ne pouvant pas se trouver augmenté tout d’un coup, il y aura dans le canal de la circulation un trop plein qui devra déborder 3 ». Est-il concevable que des banques créent subitement une circulation fiduciaire égale à la circulation métallique existante sans qu’on ait le moindre besoin de ce surplus

? Lors même que pareille chose pourrait 

arriver, la monnaie métallique et la monnaie fiduciaire perdraient de leur valeur ; par conséquent, le canal de la circulation pourrait en contenir davantage. Le numéraire irait au dehors, non parce qu’il serait contraint de déborder, mais parce qu’il trouverait sur des marchés étrangers un emploi plus profitable que sur le marché national. Au reste, Adam Smith ne concluait pas de son raisonnement que l’exportation de la monnaie métallique dût avoir les suites calamiteuses qu’ont supposées Rossi et Wolowski. « Si une aussi forte somme d’or et d’argent, ajoutait-il, est ainsi envoyée au dehors, il ne faut pas s’imaginer qu’elle y soit envoyée pour rien et que les propriétaires de cet argent en fassent présent aux nations étrangères. Ils l’échangeront contre des marchandises, d’une espèce ou d’une autre, destinées à la consommation de quelque autre nation ou à celle de leur propre pays 4. » 1. Traité d’économie politique, t. II, p. 337. . Principes d’économie politique, t. II, p. 189. . Richesse des nations, liv. II, chap. 2. . Ibid.