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en crédite l’autre. Le payement est effectué ainsi sans échange d’espèces. Il va sans dire que la Banque ne créditera jamais un compte sans s’assurer que le débiteur possède bien à son crédit chez elle la somme dont il a disposé. Aussi, pour ne pas commettre d’erreurs, est-il nécessaire que tous les comptes de la Banque soient constamment à jour ; que,quelle que soit l’importance des affaires, il n’y ait jamais une minute de retard dans la tenue correcte, exacte et vérifiée des écritures.Une erreur est chose rare à la Banque ; à la fin de la journée, ce grand établissement, qui est un modèle de régularité, peut dire exactement, sans se tromper d’un centime, quel est son actif, quel est son passif, à quels chiffres s’élève le montant de ses billets, de son encaisse métallique, de ses comptes-courants la Banque peut dire encore combien de titres appartenant à autrui elle détient dans ses caisses à Paris et dans ses succursales, combien il lui en a été remis dans la journée, combien elle en a délivré, combien elle en détenait la veille, combien elle en détient aujourd’hui.

Les Escomptes et intérêts divers à Paris et dans lessuccursales sont les bénéfices bruts réalisés par la Banque sur ces opérations. Pour savoir ce que la Banque a gagné d’une semaine à l’autre, il faut comparer les chiffres de ce chapitre à ceux qui avaient été inscrits la semaine précédente à ce même chapitre. Tous les six mois,pendantla dernière semaine de juin et de décembre, la Banque arrête le montant du dividende à distribuer aux actionnaires. A ce compte d’Escomptes et intérêts de la Banque viennent s’ajouter plusieurs produits généraux, tels que les excédents de bénéfices non répartis au dernier semestre, les arrérages des valeurs appartenant à la Banque, etc. Elle porte au débit de ce compte les charges générales, qui comprennent les contributions directes, l’impôt de 3 p. 100 sur le dividende, l’impôt du timbre sur la circulation, sur les actions, les prix du transport d’espèces et de billets, etc. Quand tous ces décomptes sont faits, le conseil statue et vote le chiffre du dividende ; immédiatement, la Banque l’annonce au bas de son état de situation hebdomadaire, le fait afficher à la Bourse et insérer au Journal officiel ; dès le lendemain, il est mis en payement aux caisses de la Banque.

Telle est, dans ses lignes principales et dans quelques-uns de ses plus importants détails, l’organisation de la Banque de France. Ce grand établissement fonctionne depuis bientôt un siècle ; tous ses gouverneurs n’ont eu qu’un souci maintenir et développer les traditions etles saines doctrines de la Banque, justifier et mériter la confiance légitime

qu’elle inspire dans le monde entier. Dans ce long espace de temps, qui a vu naître et disparaître nombre de gouvernements, la Banque offre le spectacle d’une institution qui a conservé le plus longtemps à sa tête ceux qui ont eu l’honneur de l’administrer et de la guider. De 1806 à 1889, elle a compté seulement 13 gouverneurs différents, et encore un d’eux, M. Ernest Picard, nommé par M. Thiers, n’a pas été installé. Il n’est pas sans intérêt de rappeler ici les noms de ces administrateurs éminents, appartenant à des écoles politiques différentes, mais ayant tous contribué à la prospérité et au développement du crédit de notre grande institution nationale. Voici la liste des gouverneurs de la Banque, avec la date de leur nomination

25 avril 1806 MM. Crétet.

9 août 1807 comte Jaubert.

6avril 1814 Jacques Laffitte.

6 avril 1820 duc de Gaëte (Gaudin).

4 avril 1834 comte d’Argout.

25 févr. 1836 baron Davillier.

5 sept. 1836 comte d’Argout.

10 juin 1857 comte de Germiny.

15 mai 1863 Ad. Vuitry.

28 sept. 1864 Rouland.

5 juin 1871 E. Picard (non installé).

9 juin 1871 Rouland (maintenu).

18 janv. 1879 Denormandie.

18 nov. 1881 Magnin.

Quand on entre dans l’examen des états de situation hebdomadaires de la Banque, quand on relit ses comptes-rendus annuels, on éprouve un sentiment de respect pour cette vieille maison qui a conservé intactes ses traditions d’honneur, d’ordre, de régularité et qui a mis constamment sa grande puissance au niveau des besoins toujours croissants du pays. Dans le cours de sa longue carrière, la Banque de France a rendu de signalés services à l’État, aux particuliers, au pays toutentier. Elle est appelée à en rendre encore, et de non moins importants. II. Banque d’Algérie. Banques coloniales. Une banque d’émission, d’escompte et de dépôts a été créée pour l’Algérie par une loi du 4 août 1851. Son capital, primitivement de 3 millions, a été porté à 10 millions et finalement, en 1880, à 20 millions, en actions au porteur de 500 fr., entièrement libérées. Elle est constituée en société anonyme. Elle fait les opérations d’escompte, de dépôts et de comptes-courants, d’avances sur titres, etc. ; elle remplit dans la colonie le même rôle que la Banque de France dans la métropole. Elle émet une circulation fiduciaire représentée par des billets de. 1000, 500, 50 et 20 francs. Son siège social est à Alger, et elle compte cinq succursales établies à Oran, Constantine, Bône, Philippeville et Tlemcen.


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