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res avec lesquelles les anciennes les législateurs les plus riches comme les

ces financières avec lesquelles les anciennes mêmes doivent compter. On ne peut enfin méconnaître le souci de plus en plus grand des populations qui épargnent, de trouver le placement de leurs économies, ni les efforts qu’elles font pour s’initier aux combinaisons qui peuvent rendre ce placement le plus avantageux possible. Ce sont là des manifestations certaines d’une transformation et du développement du crédit, de l’influence acquise par les banques et par leurs opérations dans tout notre organisme politique, économique et social. Banques et banquiers sont désormais des instruments indispensables aux affaires, au commerce, à l’industrie, à tous les particuliers. Des erreurs ont été commises et des échecs ont été subis ; le progrès ne se réalise pas sans causer quelquefois de grands déboires, mais on peut dire que l’essor des sociétés de banque et de crédit a contribué dans la plus large mesure à la mobilisation des capitaux et à l’accroissement de la richesse. Grâce à ces opérations de banque, les échanges sont devenus plus faciles, plus nombreux, moins coûteux ; le goût de l’épargne s’est accru les placements mobiliers ont été rendus plus accessibles à tous.

Quand nous voyons aujourd’hui fonctionner ces puissantes sociétés qui s’appellent la Société générale, le Crédit lyonnais, le Crédit industrielet commercial,les Dépôts et Comptes courants quand, grâce àces établissements, il est facile aux plus modestes comme aux plus riches capitalistes et rentiers d’effectuer tous les services financiers dont ils ont besoin, il semble qu’une organisation semblable a toujours dûexister,etonsedemande commentunpays comme le nôtre apu pendant si longtemps en être privé. Il a fallu, cepen.dant, des années de lutte et de propagande incessantes pour faire comprendre l’utilité de semblables établissements de crédit. Le gouvernement, qui accordait ou refusait les autorisations nécessaires pour fonder une société, n’était pas fort soucieux de donner à quelques hommes le groupement de capitaux considérables appartenant à de nombreux rentiers ; les raisons politiques l’emportaient sur les considérations financières le public, de son côté, ne se rendait pas compte des services que pouvaient lui offrir ces créations nouvelles.

Quand on se reporte à la discussion de la loi du 24 mai 1865 concernant les chèques, .à la définition, après de longues circonlocutions, quia été donnée du chèque, définition légale qui existe encore, on comprend facilement les difficultés de toute nature qu’il fallut surmonter pour convaincre le gouvernement,

les législateurs, les plus riches comme les plus petits capitalistes et rentiers, de l’utilité qui devait résulter, pour le pays et pour tous, de la création et du développement en France des banques de dépôts à l’instar de celles qui existaient en Angleterre.

Employer le capital dès qu’il se trouvait disponible, utiliser l’épargne dès qu’elle était formée, ne garder nulle somme improductive, faire fructifier constamment le gain acquis et lui faire rendre un gain nouveau telle a été l’impulsion donnée par les banques. Le véritable problème financier de notre temps fut la mise en valeur de ces ressources inactives etleplus souvent stérilisées. A cet égard, il n’a rien été négligé, et de ces efforts sont sortis à la fois un bien indéniable et aussi des maux, des catastrophes dont on a pu déjà apprécier l’étendue et l’intensité. Pour tous ceux qui détenaient autrefois des capitaux immobiles, les opérations multiples des banques ont été une véritable initiation une richesse ignorée et improductive jusqu’alors s’est révélée ; de nouvelles préoccupations sont nées parmi les hommes d’épargne de la classe aisée et de la classe laborieuse ; une nouvelle clientèle s’est formée autour du marché financier ; la finance, les banques, les établissements spéciaux, ont dû transformer leurs procédés, modifier leurs habitudes, pour faire face à ces besoins nouveaux, pour plaire à cette clientèle toujours croissante, pour attirer et employer fructueusement cette épargne, énorme en sa totalité, mais fractionnée à l’infini. Telle a été l’œuvre difficile, utile, honnête, telle a été l’action économique des grandes banques et sociétés de crédit dont la considération est solidement établie et qui ont ainsi, suivant l’expression de J.-B. Say, concouru à la production de la richesse.

5. Les bénéfices des banques formées en sociétés de crédit.

Quelle est la source des bénéfices des banques et des sociétés de crédit  ? Quelles sont les opérations qui doivent le plus leur rapporter  ? Comment peuvent-elles gagner suffisamment pour couvrir les frais considérablesqu’elles ont chaque année à supporter, les intérêts qu’elles ont à payer aux capitaux employés  ?

Nous allons essayer de répondre à ces questions. Qu’il nous soitpermis tout d’abord d’écarter de cet examenles grandes banques d’émission et les sociétés semblables au Crédit foncier de France, auxquelles leur situation privilégiée et le rôle spécial qui leur est dévolu assignent une place à part en dehors des divers groupes de sociétés de crédit.


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