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urt le capital prêté. Si, au contraire, c’est trop bas ou trop haut, il est avantages

court le capital prêté. Si, au contraire, c’est le banquier qui paye l’intérêt pour des sommes mises en dépôt chez lui, le taux de l’intérêt, beaucoup moindre dans ce cas, dépend principalement du temps pendant lequel il peut disposer de ces dépôts. Si ces capitaux sont remboursables sur demande, le banquier ne pourra payer que rarement un intérêt qui ne soit pas faible. Le plus souvent, il se chargera simplement, en compensation des dépôts, de recevoir et de payer sur place pour lé compte de ses déposants. Si les capitaux sont remboursables à terme, à six mois ou un an par exemple, le taux de l’intérêt que payera le banquier s’élèvera en raison de la possibilité qu’il aura d’en faire un placement avantageux.

L’escompte est l’intérêt d’un prêt fait par

le banquier et garanti par un effet ou titre représentant une opération de commerce et donné en gage au banquier. Les effets de commerce portent le nom général de traites, qui comprend les billetsà ordre, promessesde payement échangées entre négociants d’une même place ; les lettres de change, ordres de payement tirés d’une place surune autre, et les mandats, lettres de change non susceptibles d’acceptation.

Le banquier déduit du montant total que

représente une traite quelconque, l’escompte ou intérêt du capital jusqu’à l’échéance, un droit de commission variant ordinairement entre 1/8 et 1/2 p. 100 et un droit de change, si le titre est payable sur une autre place ou dans un autre pays. En général, on n’admet à l’escompte que le papier revêtu de deux signatures, ce qui correspond à une affaire achevée. La Banque de France en exige trois, représentant au moins deux affaires successives.

Levirement (V. CHAMBRES DE COMPENSATION)

consiste en un échange de créances et de dettes opéré par des écritures sur les comptes de deux clients communs du banquier, ou en un échange de billets respectifs par voie de compensation, entre deux banquiers ou deux déposants, sans mouvement matériel de fonds. Le change (voy.ce mot) en matière de banque

est la différence entre la valeur d’une lettre de change sur la place où il est négocié et sa valeur sur la place où il est payable. Le change est haut ou bas ou au pair, suivant que le papier vaut l’argent, ou qu’il vaut plus, ou moins. Il dépend du plus ou moins grand mouvement des affaires entre les diverses places, c’est-à-dire, en dernière analyse, de l’offre et de la demande du papier. Les variations du change ont pour limite la valeur du transport des espèces d’une des deux places sur l’autre, car, si l’écart des variations est

trop bas ou trop haut, il est avantageux, au lieu de prendre du papier, de faire verser des espèces.

Les différences variables des cours du change entre les diverses places donnent naissance à l’arbitrage.

L’arbitrage (voy. ce mot) consiste à acheter des effets de commerce ou d’autres valeurs sur certaines places et à les revendre sur d’autres places où ils sont recherchés à plus haut prix. Il a pour résultat de régler aux conditions les plus avantageuses et par des compensations les comptes et créances des diverses places les unes sur les autres.

L’arbitrage résulte aussi des spéculations directement faites sur le cours des changes, par des banquiers qui établissent entre eux et à volonté, par ouvertures de crédit et créations de papier, des lettres de change en telle monnaie et sur tel pays dont ils ont besoin. Ces opérations doivent être pratiquées à l’instant même où elles sont conçues et avec des signatures dont le crédit est absolument incontesté.

L’influence exercée par les arbitrages sur les marchés européens est immense. La force, l’activité, le développement qu’ils ont donnés à toutes les affaires de crédit sont considérables. Pour apprécier comment ce genre d’opérations répété chaque jour sur une vaste échelle a contribué aussi puissamment à faire du monde des affaires une seule et même grande famille, il nous suffira de donner quelques explications sur ce genre d’opérations.

Supposons qu’à Paris le papier sur Londres vaille 25 fr. 20 la livre sterling et que, par le simple effet de l’offre et de la demande, ce même papier soit coté à Marseille 25 fr. 10, taudis qu’en Allemagne, on le négocierait à 25 fr. 60. Un banquier qui aurait à acheter du papier sur Londres choisira certainement pour faire ses achats, après s’être enquis des cours de ces divers marchés, la ville où le Londres coûtera le moins cher ; dans l’hypothèse ci-dessus il achètera donc à Marseille. S’il a, au contraire, à vendre du papier sur Londres, il négociera ce papier sur la place où il est coté le plus haut ; et, toujours dans la même hypothèse, il vendra en conséquence en Allemagne.

Mais, dans un sens plus large, l’arbitrage consiste à négocier des valeurs mobilières sur toutes les places où elles sont cotées ; à les vendre ou à les racheter simultanément sur chacune de ces différentes places, et à profiter ainsi des différences de cours qui existent sur ces mêmes valeurs cotées le même jour sur plusieurs marchés financiers. Tels sont les grands arbitrages qui, chaque jour,


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